L'HEURE EST GRAVE - Il n'a pas pris la parole publiquement depuis sa défaite au premier tour de la présidentielle. Sur Twitter, il ne s'est exprimé que deux fois : pour dire sa solidarité aux Britanniques après l'attentat de Manchester, le 23 mai, puis pour dire son "indignation" après la profanation de la tombe du général de Gaulle, le 27 mai. François Fillon se fait donc plus que rare, ses interventions n'en étant que plus significatives. Et mardi 6 juin, l'ancien Premier ministre prend à nouveau la plume... pour renouveler son "soutien" et sa "confiance" à Nathalie Kosciusko-Morizet, semble-t-il en grande difficulté pour les législatives. Aucun autre candidat investi par Les Républicains n'a eu droit aux mêmes égards.
L'ancienne candidate à la primaire de la droite est aujourd'hui candidate dans la très favorable circonscription parisienne de... François Fillon, qui ne se représente pas. Mais sa volonté de travailler avec Emmanuel Macron a déplu à de nombreux responsables de droite et lui vaut deux candidatures dissidentes : celle du maire LR du 6ème arrondissement de Paris, Jean-Pierre Lecoq, mais aussi celle d'Henri Guaino. Le message de François Fillon, dans une lettre publique adressée à NKM, est donc très clair : les deux hommes ne sont pas les candidats que les électeurs de droite doivent soutenir.
Pour Paris, je réaffirme mon soutien et ma confiance @nk_mpic.twitter.com/4YLs7LK0O7
— François Fillon (@FrancoisFillon) 6 juin 2017
Dans une circo très à droite et qui avait élu François Fillon à 56% au second tour en 2012, cette prise de position publique n'a évidemment rien d'anodin. Nathalie Kosciusko-Morizet, qui confie jouer sa survie politique aux législatives, doit compter très fort sur son effet "légitimité" pour renverser une dynamique pas folichonne, à 5 jours du scrutin. Elle est en effet donnée perdante au second tour face au candidat de La République en marche, Gilles Le Gendre (62% pour ce dernier contre 38% pour NKM, selon un sondage).
Et dans ces cas-là, tout soutien est bon à prendre. Celui que lui apporte ici François Fillon est sans équivoque. Après un paragraphe consacré à l'éloge de Nathalie Kosciusko-Morizet (son "énergie", sa "force de travail" et son "expérience"), le champion déchu de la droite écrit :
"J'invite toutes celles et tous ceux qui m'ont honoré de leur confiance à t'épauler dans cette campagne. Le combat continue, pour Paris et pour la France !
"
Reste à savoir si les électeurs de droite seront sensibles à cet appel venu de celui qui est passé de favori absolu de la présidentielle à perdant au premier tour et paria de la politique française.
[EDIT 20h50]
Dans la soirée, c'est cette fois le soutien d'Alain Juppé qu'a reçu Nathalie Kosciusko-Morizet, le maire de Bordeaux étant venu à ses côtés sur le terrain. Comme un air d'opération "il faut sauver le soldat NKM"...
De tout cœur avec toi chère Nathalie. Tu portes la parole de la droite efficace, humaniste et ouverte. Je suis à tes côtés. @nk_mhttps://t.co/aETtr2JegU
— Alain Juppé (@alainjuppe) 6 juin 2017
Un grand merci à @alainjuppe pour son soutien et sa présence ce soir. Battons-nous ensemble pour porter une droite de progrès ! pic.twitter.com/m7vCrgKxpm
— N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) 6 juin 2017