TVA restauration : le député Thévenoud "fact-checke" le fact-checking de McDonald’s

Publié à 11h11, le 05 novembre 2012 , Modifié à 11h17, le 05 novembre 2012

TVA restauration : le député Thévenoud "fact-checke" le fact-checking de McDonald’s
Thomas Thévenoud, le 30 octobre 2012. (Maxppp)

MATCH RETOUR – Après son rapport sur la TVA réduite dans la restauration, critiqué par McDonald’s dans plusieurs pages de pub dans les quotidiens nationaux, le député socialiste Thomas Thévenoud prend la plume, dans Libération, pour répondre au géant du fast-food. Avec ironie et dérision.

 

  1. "Cher, très cher, Ronald McDonald’s"

    C’est peu dire que le député socialiste Thomas Thévenoud n’a que modérément apprécié la campagne de pub de McDonald’s contre son rapport sur la TVA réduite dans la restauration.

    Le 30 octobre, dans cinq quotidiens -Libération, Le Figaro, Les Echos, le Parisien et Le Monde- et en pleine page, l'entreprise récuse les chiffres donnés dans la presse par le parlementaire

    Encore un petit effort Monsieur Thévenoud, vos chiffres sur l'utilisation de l'argent de la baisse de la TVA par McDonald's sont presque bons.

    Lundi 5 novembre, l’élu contre-attaque dans les pages Rebonds de Libération (lien payant) à travers une lettre ouverte à McDonald’s dont le titre donne d’emblée le ton, ironique et incisif :

    Cher, très cher, Ronald McDonald’s … 

    Se décrivant comme un "élu de ce petit bout de France", l’auteur du rapport controversé sur la TVA restauration exprime d’abord la réaction qui a été la sienne à la publication de la campagne de pub de "McDo" et interpelle la marque avec second degré en maniant le tutoiement :

    J’ai été surpris de découvrir cette pleine page dans les journaux de notre pays.

    Cette publicité a dû te coûter un prix fou.

    Et d’ajouter, sur le même ton de l’ironie qui sous-tend l’ensemble de la lettre :

    L’argent que tu y as consacré aurait permis de rémunérer une vingtaine de tes salariés pendant un an.

    Entre les lignes, le député "oute" les sommes dépensées par McDonald’s pour sa campagne de publicité. Considérant qu’un emploi chargé, au smic, coute 50 850 euros (d’après les chiffres de l’INSEE pour 2008) annuellement à l’entreprise, le géant du fast-food aurait dépensé près d’un million d’euros dans l’affaire.

    Dans cette missive ouverte, Thomas Thévenoud, sérieux et moqueur, "fact-checke" le fact-checking de McDonald’s et leur fait la leçon, rappelant qu’un sixième du chiffre d’affaires de l’entreprise vient de France, où il emploie "63 000 de nos concitoyens dans tes 1200 établissements" :

    Bravo ! Ces chiffres sont issus de ta propre communication et je veux croire que le simple fait pour moi de les reprendre ne les entachera pas d’insincérité à tes yeux.

    Inutile donc de dépenser à nouveau des milliers d’euros pour les confirmer.

    Après avoir démontré les bénéfices que McDonald’s a pu recevoir grâce, d’abord à un taux préférentiel de TVA sur les ventes à emporter, puis grâce à la baisse du taux de TVA dans la restauration en 2009, Thomas Thévenoud s’interroge ouvertement :

    (Ces bénéfices) Comment les as-tu utilisés ? (…)

    Quel était le rythme de création d’emplois avant la baisse de la TVA ? Tu ne le dis pas.

    Enervé, le député PS embraye, feignant la naïveté :

    Je croyais que, dans une entreprise privée, les profits d’aujourd’hui devaient financer les investissements de demain.

    Avant de conclure sur la nécessité des efforts que le pays doit faire pour sortir de la crise, définissant le concept de "redressement productif", Thomas Thévenoud s’en prend à la logique libérale de McDonald’s et à la politique économique des Etats-Unis, "ton pays natal", comme il l’écrit :

    Finalement, ce qui me surprend le plus, c’est que toi qui incarnes les lois du libéralisme, tu continues à justifier en France un soutien de l’Etat qu’il ne te viendrait pas à l’idée de réclamer dans ton pays natal. 

    Tu conviendras, cher, très cher Ronald, qu’il y a là une incohérence. (…)

    Tu vois, je n’ai rien contre toi. Je pense que la subvention publique dont tu as bénéficiée n’est plus justifiable dans une période où le pays doit faire des efforts. 

     

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