Il ne cite pour l'instant aucun nom, mais assure qu'il le fera en temps et en heure, "lorsque l'environnement sera moins menaçant". En attendant, Pierre Condamin-Gerbier dit tout le reste. Ce gestionnaire de fortune et ancien responsable de l'UMP en Suisse, était auditionné mercredi 12 juin par les Sénateurs, dans le cadre d'une commission d'enquête sur l'évasion fiscale .
Droit dans les yeux des sénateurs, il affirme que cette affaire n'est que la partie immergée de l'iceberg. Et que les révélations sur le compte suisse de l'ancien ministre du Budget n'ont pas freiné ces pratiques. Au contraire: elles auraient incité les évadés fiscaux à complexifier leurs montages financiers.
"Non seulement ces pratiques ne s’arrêtent pas mais elles continuent. Elles ne font que se sophistiquer. [...]
Les pratiques découvertes à l’occasion de l’affaire Cahuzac, c’est le mensonge d’un système, de la classe politique française depuis, finalement, 1934.
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C'est en tant qu'ancien responsable de la fédération suisse de l'UMP (jusqu'en 2009), et ancien salarié des banques UBS et Reyl (il en sera licencié en 2006 et en 2010) que Pierre Condamin-Gerbier parle. Et fait ces révélations sur un système opaque, mais aussi sur la présence de responsables politiques français dans des dossiers d'évasion fiscale qu'il a pu consulter.
> "Une quinzaine de responsables politiques" ont des comptes en Suisse
C'est sur la fin de son audition que Pierre Condamin-Gerbier lâche cette information. Après avoir expliqué les ressorts des systèmes d'évasion fiscale, il assure que, selon ses connaissances, "une quinzaine d'individus, à l'intérieur desquels se trouvent des ministres et de la précédente, et de l'actuelle majorité", détiennent des comptes non-déclarés en Suisse. A gauche, comme à droite, donc.
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> Ce jour où Woerth et Devedjian lui ont demandé de "fermer sa gueule"
C'était juste avant l'élection présidentielle de 2007. Nicolas Sarkozy est en campagne, et l'UMP avec. A cette occasion, la fédération helvétique de l'UMP accueille deux responsables du parti, Eric Woerth et Patrick Devedjian. Son récit est éditfiant :
"Pleins de bonne volonté, nous leur avons proposé d'avoir des voitures qui les attendent à la gare de Genève, on nous a dit 'non, non, ils viennent en avion'.
Ces messieurs sont en fait arrivés dans l'avion privé d'une des grandes fortunes délocalisées en Suisse qui soutient ce parti et d'autres, et qui a d'ailleurs soutenu l'opposant en 2012.
Et la première chose qui nous a été dite, c'est 'officiellement nous sommes arrivés en train, et vous fermez vos gueules'.
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Pierre Condamin-Gerbier avait déjà évoqué ça et là l'implication de responsables politiques dans le dossier de l'évasion fiscale. Mais il ne s'était étendu que devant des journalistes . Pas devant la représentation nationale.
Pour l'heure, Pierre Condamin-Gerbier préfère incriminer un système d'évasion fiscale plutôt que nommer les personnalités concernées. A-t-il seulement des preuves de ce qu'il avance ? Oui, affirme-t-il. Toutes seraient inscrites sur un document, "confié à une tierce personne".
Celui qui ne dispose pour l'instant d'aucune protection policière (car il n'en a pas demandé), assure qu'un jour, ces preuves seront mises au jour :
"J'ai déjà une idée très précise des canaux par lesquels ça se fera. Epistolaires et non épistolaires. Cela se fera.
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