Un élu local socialiste raconte les coulisses de deux déplacements ministériels, ceux de Stéphane Le Foll et Philippe Martin

Publié à 14h38, le 31 août 2013 , Modifié à 14h48, le 31 août 2013

Un élu local socialiste raconte les coulisses de deux déplacements ministériels, ceux de Stéphane Le Foll et Philippe Martin

C’est un regard, certes partial, mais lucide et avisé que livre Jean-Marie Darmian sur son site internet, Roue libre.

Maire de Créon et suppléant de la députée socialiste de la 9e circonscription de Gironde, Martine Faure, Jean-Marie Darmian a assisté en spectateur privilégié à deux sorties ministérielles de terrain, le même jour, dans son département. Et livre une analyse, "exercice jubilatoire", écrit-il, sur ces déplacements de terrain des ministres de l’Ecologie, Philippe Martin, et de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.

L’élu local socialiste écrit d’abord :

Deux visites ministérielles dans une journée sur la Gironde, et deux visions différentes de ce boulot national que beaucoup envient mais dont on peut se demander en fin de compte s’il est aussi important que l’on veut bien l’afficher. L’occasion était trop belle de vivre deux réalités différentes et deux visions d’un voyage sur le terrain.

Ainsi en profite-t-il pour prendre un brin de recul sur les coulisses de ces deux déplacements ministériels, estimant que "le contenu des discours est extrêmement révélateurà cet effet, et plus encore la manière dont le visiteur aborde les gens qui l’attendent".

Pour Jean-Marie Darmian, Stéphane Le Foll et Philippe Martin, dont c’était le premier déplacement officiel à la tête de son ministère, le 30 août à Saint-Emilion, ont tous deux une approche très différente de l’exercice. Et le nouveau ministre de l’Ecologie lui a fait bien meilleure impression que l’ancien directeur de cabinet de François Hollande.

>> Philippe Martin, "l’ami de tout le monde"

La première visite du jour est signée Philippe Martin, ancien député du Gers. "Philippe Martin a vite trouvé ses marques et vite analysé le contexte dans lequel il est arrivé", écrit cet observateur privilégié qui estime que le remplaçant de Delphine Batho "possède toutes les recettes de ce type d’exercice".

En une demi-heure il est devenu l’ami de tout le monde. Pour son programme ? Aucun souci, on sent bien que le fameux "cabinet" a vite compris où était le patron. (…)

Philippe Martin n’a donné aux "hautes autorités de l’État" aucun véritable rôle dans son programme. Il s’en moque. Il est à l’aise, très à l’aise dans des chaussures ministérielles qui pourtant ne lui semblaient pas promises. En quittant la salle de réception de la mairie, il a conquis tout le monde et surtout il a tenu son rang.

L’impression est favorable, positive, Philippe Martin a fait le job. A l’aise. "Pour lui, les élus de terrain sont les seuls qui comptent et il le fait sentir", apprécie Jean-Marie Darmian qui l’a trouvé "concret, pragmatique, précis". Conquis en somme.

Et de conclure, persuadé que le ministre "va tenir la route" :

Bref ce ministre là sait que le bonheur est dans le pré de la réalité et il est fermement décidé à y ramasser les fleurs du succès ! Un membre du gouvernement "à l’ancienne", droit dans ses convictions, avec une seule référence : "le président m’a demandé de…"

>> Le Foll, "un maladroit du terrain"

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"11 h 50 : Autre lieu. Autre vision." Jean-Marie Darmian assiste, quelques heures après la visite de Philippe Martin, au déplacement de Stéphane Le Foll, proche de François Hollande et ministre de l’Agriculture. Et son verdict n’est pas aussi enjoué que pour Philippe Martin.

D’emblée, les critiques fusent :

Service d’ordre visible, convoi ostensible de véhicules gris, caméras, micros, stylos impatients. Stéphane Le Foll débarque pour constater ce que tout le monde lui a décrit depuis des semaines. Il ne vient pas construire, mais tenter de réparer.

Et ajoute aussitôt, avec sa vision d’élu local : 

Malgré tous leurs efforts, les élus locaux n’ont eu aucun rôle dans un programme sans grande imagination car tenant compte des susceptibilités institutionnelles omniprésentes dans tous les étages du pouvoir.

Jugeant "la poignée de main" du ministre "méfiante, distante d’un maladroit du terrain", le député suppléant déplore que, pour cette visite, "le maire est oublié, le conseiller général aussi…"

On est là pour la forme, car tout doit se dérouler avec les "institutionnels" qui verrouillent le système. Stéphane Le Foll regarde, écoute, attend. Il sait qu’il n’est pas venu pour les gens qu’il a autour de lui, mais pour répondre aux organismes professionnels l’ayant en ligne de mire.

"La visite se résume en quelques phrases préparées", dénonce-t-il encore, déplorant qu’il n’en ressorte "rien de précis, si ce n’est qu’il attendra de voir ce que font les collectivités pour se prononcer…"

Et de conclure, martial et critique :

Je vais manger ailleurs avec les amis qui me font confiance. Le ministre est venu. C’est le seul événement à retenir !

 

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