CELA NE VOUS REGARDE PAS - Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes alimente de nouveau la polémique. Y compris au sein de la majorité et du gouvernement, où l'on sent bien que les avis divergent. Et puis il y a ceux qui ne veulent surtout pas dire le fond de leur pensée.
Dimanche 17 septembre, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a assuré que la promesse serait tenue "avant la fin du quinquennat" (après avoir assuré que cela serait fait en 2018) ; le même jour, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a pris quelques distances avec cette mesure : sans s'y opposer frontalement, il a expliqué qu'il ne s'agissait pas de la principale "priorité", proposant "qu’on puisse résoudre le problème du chômage avant de s‘attaquer aux problèmes civilisationnels". Et Jean-Michel Fauvergue est lui aussi sur cette ligne-là.
Sur franceinfo lundi 18 septembre, le député LREM de Seine-et-Marne se voit proposer de choisir entre les manières de voir des deux ministres. "Je suis plutôt Gérard Collomb", dit-il sans hésiter. Mais alors que Jean-Michel Apathie tente ensuite de connaître sa position personnelle sur la PMA, l'ancien patron du RAID temporise, élude, botte en touche et finit par refuser catégoriquement de la donner :
"- Jean-Michel Apathie : Vous voyez pas d'un bon œil l'extension de la PMA à toutes les femmes ?
- Jean-Michel Fauvergue : C'est pas que je vois pas d'un bon œil, c'est que c'est des problèmes très délicats, c'est des problèmes sociétaux importants qui demandent la nécessité d'argumenter et du recul. Je suis plutôt Gérard Collomb quand il dit 'on doit travailler sur des problèmes actuels et forts que sont le chômage et la sécurité', ce sont des problèmes sur lesquels les Français nous attendent, donc il faut travailler là-dessus.
- Jean-Michel Apathie : Est-ce que vous êtes hostile à la PMA ?
- Jean-Michel Fauvergue : [...] Non mais sur votre question, je ne me prononcerai pas.
- Jean-Michel Apathie : Pourquoi ? Parce que c'est difficile de dire qu'on est contre ?
- Jean-Michel Fauvergue : Ni contre ni pour, je vous ai dit que je ne me prononcerai pas, donc à partir de ce moment-là, je vais pas me prononcer.
- Jean-Michel Apathie : 'Ni pour ni contre, bien au contraire', disent les humoristes. On peut penser que c'est votre position ?
- Jean-Michel Fauvergue : Non. J'ai une position mais que je vais garder pour moi.
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Une séquence à revoir en vidéo :
Bon. Un député de la Nation, chargé de construire et voter les lois, qui refuse de prendre position sur un sujet de société, voilà qui peut paraître original. Jean-Michel Fauvergue ne pourra cependant pas toujours se réfugier derrière ce *cela ne vous regarde pas*. En tant que parlementaire, il devra à un moment ou à un autre prendre part au débat... et voter (ou non) le texte de loi de bioéthique qui abordera cette question de la PMA. Avant la fin du quinquennat, donc.