*DROP THE MIC* - Ce sont deux minutes quasiment ininterrompues, deux minutes durant lesquelles Marion Maréchal-Le Pen enchaîne un maximum d'arguments contre Nuit debout. Une diatribe faite d'une succession de punchlines, déroulée lors du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, dimanche 17 avril.
Du manque de représentativité citoyenne du mouvement à ses revendications "fantaisistes", la députée FN fustige des jeunes "professionnels de la politique" qui "fument du pétard", "cassent à l'occasion" pour se "faire plaisir" et "crachent sur Alain Finkielkraut". L'élue frontiste fait partie de ceux qui ont dénoncé la façon dont le philosophe s'est fait virer de la place de la République, samedi 16 avril au soir.
Verbatim :
"Je vois là une construction médiatique totalement artificielle, on essaye de faire croire à un grand mouvement citoyen inédit en faisant une espèce de parallèle avec les indignés comme on a pu voir en Espagne. Moi je vois surtout - objectivement, hein - une poignée de professionnels de la politique, de militants associatifs.
J'ai regardé, je suis allée voir les témoignages, j'ai vu un certain nombre de vidéos, d'articles de gens qui se sont rendus sur place [...]. Et c'est vrai qu'on se rend compte qu'il y a beaucoup de militants associatifs, de syndicalistes, de militants politiques comme les jeunes communistes.
C'est un mouvement qui ne représente rien ni personne, c'est un mouvement de jeunes, lycéens, étudiants qui se font plaisir, qui fument du pétard, qui défendent les 25 heures en durée légale du travail, qui cassent d'ailleurs à l'occasion lorsque ça peut leur faire un petit peu plaisir, qui défendent une soi-disant démocratie avec des assemblées générales et qui crachent sur Alain Finkielkraut lorsqu'il se rend à ce type d'événement.
Donc sincèrement, moi j'ai pas de sympathie particulière à l'égard de ce mouvement.
"
Une sortie à revoir dans cette vidéo isolée par Le Lab :
Et ce n'est pas fini. La députée d'extrême droite poursuit :
"L'échantillon des personnes qui se mobilisent à travers cet événement-là est relativement dérisoire d'une part, et d'autre part quand même, ce sont des militants d'extrême gauche. Donc ultra-minoritaires avec des revendications qui sont toutes plus délirantes les unes que les autres, de gens qui commencent même pas à travailler et qui commencent déjà à penser à leurs allocations chômages, c'est assez amusant.
"
Cette fois, oui, c'est fini.
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À l'inverse de son propre parti, elle ne demande en revanche pas l'interdicition ou la dissolution du mouvement. "Qu'il y ait une colère légitime, je ne remets pas ça en cause. Je ne crois pas qu'il faille interdire l'expression politique", dit-elle tout en dénonçant "l'extraordinaire mansuétude du gouvernement" envers les violences qui ont émaillé plusieurs des soirées de mobilisation.
Et Marion Maréchal-Le Pen de s'opposer à l'argument de l'état d'urgence (brandi notamment par Les Républicains) pour justifier une demande d'interdicition :
"Ça ne me choque pas qu'il y ait un rassemblement, au contraire je suis assez critique à l'égard du dévoiement de l'état d'urgencequi voudrait aujourd'hui que, sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, on interdise tout type de manifestation, souvent pour des raisons très politiques. C'est vrai à Calais. Qu'il y ait une expression politique, ça me choque pas plus que ça et à la limite ça permettra de révéler ce qu'est le vrai visage de cette manifestation. En revanche, je condamne très fermement le laxisme du gouvernement à l'égard de ces casseurs.
"
[BONUS TRACK]
*Hasard du calendrier*, Florian Philippot était, presque au même moment ce dimanche, invité du Supplément sur Canal +. Et le vice-président du FN n'a pas du tout, mais alors pas du tout développé la même critique de Nuit debout que sa camarade.
Contrairement à Marion Maréchal-Le Pen, l'eurodéputé et numéro 2 du parti a plutôt brossé le mouvement dans le sens du poil :
"Je pense qu’on aura des points d’accord et de désaccord. On sera d’accord sur le refus de la loi El Khomri, on sera en désaccord sur d’autres sujets - si tant est que les gens là-bas soient tous d’accord entre eux. Ça m’étonnerait. [...] Mais moi j’aime bien, oui, j’aime bien voir une jeunesse qui s’implique, qui débat, quelles que soient d’ailleurs ses prises de position, qu’on soit en accord ou en désaccord c’est pas le sujet, qui s’intéresse donc à la chose publique plutôt qu’une jeunesse désinvestie.
"
Et un nouvel exemple des divergences de vue entre la nièce de Marine Le Pen et le plus fidèle et proche lieutenant de cette dernière.
Florian Philippot a cependant, lui aussi, souligné la présence - "en tout cas pour le noyau dur de l’organisation" - de "quelques réseaux liés au NPA ou à l’extrême gauche". Et lui non plus ne demande pas la dissolution du mouvement. "Par contre les mouvements antifa que moi j’appelle superfa ou fa, eh bien oui eux, il faudrait enfin les dissoudre parce qu’il n’y a pas seulement les saccages après Nuit debout, a-t-il poursuivi. Ils font des saccages depuis des années et des années après des manifestations et ces mouvements-là, ils prospèrent en liberté mais ça n’a rien à voir avec nuit debout."