GENTIL MAIS PAS TROP - En politique, le compliment qui n'en est pas vraiment un est un art à part entière. Et Thierry Solère, malgré son talent évident pour ne froisser personne inhérent à son statut d'organisateur de la primaire de la droite, le maîtrise plutôt bien. Surtout lorsqu'il s'agit pour lui de parler de Claude Guéant.
Dans .pol, la webémission du Lab en partenariat avec Le JDD, Linternaute.com et Le Huffington Post, Thierry Solère est invité jeudi 10 novembre à dire du bien, une minute durant, de Michel Sapin ou de l'ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy. Et il choisit ce dernier, qu'il avait battu en tant que dissident aux législatives 2012 dans les Hauts-de-Seine. "Faut que je parle pendant une minute de Claude Guéant en disant que du bien ?!", s'interroge-t-il tout de même dans un sourire. La suite commence plutôt gentiment, Thierry Solère saluant la "carrière ancienne" de préfet de Claude Guéant... avant d'être beaucoup moins sympa au moment d'évoquer son rôle au gouvernement et après :
"Alors je vais parler de sa carrière ancienne, je crois que ça a été un très grand préfet. Et dans tous les endroits où il est passé, je pense notamment aux Antilles, en région Bretagne, il a laissé le souvenir de quelqu'un de très précis, qui travaillait en harmonie avec tous les services de l'État, avec une vraie autorité, mais également avec les élus locaux. À gauche comme à droite, il a laissé ce souvenir formidable. Ensuite, il a accompagné Nicolas Sarkozy, il a été le directeur de sa campagne présidentielle en 2007. Je vais vous dire, c'est binaire : il a été un bon directeur de campagne puisque Nicolas Sarkozy a gagné [...].
Et puis il a été ministre de l'Intérieur. Moi je pense que c'est une erreur - c'est un sentiment très personnel qui n'est pas contre Claude Guéant - de mettre un militaire ministre de la Défense ou un préfet ministre de l'Intérieur. [...] Je pense que ça n'a pas été le meilleur ministre de l'Intérieur du gouvernement.
Et enfin, il s'est parachuté chez moi dans ma ville de Boulogne-Billancourt, considérant que maintenant qu'il n'était plus au gouvernement, on allait lui offrir une place de député. Bah en démocratie, on n'achète pas les places de député.
"
Un séquence à revoir en vidéo :
Voilà qui est donc moins agréable sur la fin. Il faut dire que le contentieux entre les deux hommes est lourd et ancien.
Aux élections législatives de 2012, Thierry Solère s'était présenté en dissidence contre le ministre de l'Intérieur, parachuté dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine. Déjà conseiller départemental de ce territoire, Thierry Solère l'avait battu et s'était fait exclure de l'UMP avant de la réintégrer.
Récemment, Le Monde a révélé que durant cette campagne, Thierry Solère avait été placé sur écoutes "avec les moyens de la DGSE". Claude Guéant a fermement démenti avoir été impliqué ou avoir eu connaissance de cette affaire. Dans .pol, le député qui a parrainé Bruno Le Maire pour la primaire a confirmé avoir "porté plainte", indiqué avoir été entendu en tant que témoin tout comme Claude Guéant et que "l'enquête suit son cours".
À la suite de ces révélations, Thierry Solère avait promis avec force humour que son slogan pour les législatives de 2017 serait : "Un député à votre écoute". "Je le ferai, je sortirai vraiment un tract" de la sorte, a-t-il réaffirmé, amusé, ce jeudi. On attend impatiemment de voir ça.