VIDÉOS - Invectives et mises en cause : l'impossible *débat* entre Richard Ferrand et Florian Philippot (avant Macron-Le Pen)

Publié à 12h14, le 03 mai 2017 , Modifié à 12h40, le 03 mai 2017

VIDÉOS - Invectives et mises en cause : l'impossible *débat* entre Richard Ferrand et Florian Philippot (avant Macron-Le Pen)
Florian Philippot et Richard Ferrand en plein échange d'idées constructif © Montage Le Lab via franceinfo:

VOUS AVEZ LA PAROLE, PRENEZ-LA MON VIEUX - C'était un peu le débat avant le débat. Ce mercredi 3 mai, à quatre jours du second tour de la présidentielle, les deux finalistes de l'élection s'affronteront au cours de la traditionnelle joute d'entre-deux-tours. Et histoire de mettre tout le monde en jambes, leurs deux principaux porte-parole (Richard Ferrand, secrétaire général d'En marche !, pour Emmanuel Macron et Florian Philippot, vice-président du Front national, pour Marine Le Pen) étaient invités de franceinfo: pour une petite confrontation matinale... qui a surtout montré les limites d'un échange d'idées classique entre les deux camps. Or, ces deux lieutenants étant censés être les plus au point sur les argumentaires et angles d'attaque respectifs de leurs champions, cela n'augure pas forcément grand-chose de bon pour le "match" du soir.

Cela commence pourtant certes frontalement mais sur le fond, avec la question de la sortie de l'euro et de la transition vers une cohabitation entre le nouveau franc (pour les échanges quotidiens) et un euro qui ne serait plus qu'une monnaie commune (pour les échanges entre États et grandes entreprises). Un sujet majeur du programme frontiste mais sur lequel la candidate d'extrême droite et ses lieutenants ont soudain le plus grand mal du monde à donner une vision commune et un calendrier défini. Pour Richard Ferrand, cette idée de Marine Le Pen revient à "inventer le peso et le dollar". "Vous savez, c'est Cuba ce qu'elle propose", attaque-t-il. "Caricature", répond illico Florian Philippot qui ajoute : "Le but est de faire peur, on l'a bien compris, mais c'est pas très sérieux."

Le numéro 2 du FN reproche ensuite assez classiquement à son homologue d'En Marche ! de rester dans le flou et de ne jamais détailler les mesures précises de son programme. À la suite de quoi, tentant d'expliciter plusieurs points, le bras droit d'Emmanuel Macron accuse son interlocuteur de lui couper systématiquement la parole alors qu'il tente justement d'aller au fond des choses. On commence un peu à tourner en rond... Fusent alors les premières grosses punchlines et mises en cause personnelles de ce *débat*, quand Richard Ferrand évoque les "règles sur la morale publique" que son champion veut instaurer, faisant le lien avec les affaires judiciaires de Marine Le Pen et du FN :

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- Richard Ferrand : Ceci ferait que lorsque madame Le Pen est convoquée par la police, elle réponde à la convocation, et que le Front national paye ses dettes au Parlement européen, qu'il ne fréquente jamais mais dont il se nourrit abondamment.



- Florian Philippot : Ah bon, mais ça c'est de la diffamation.



- Richard Ferrand : Mais attaquez-moi, si c'est de la diffamation !



- Florian Philippot : Nous on souhaite supprimer le pantouflage. Passer de banquier à ministre, de banquier à fonctionnaire, etc., et être peut-être en situation de conflit d'intérêt. Ça c'est un vrai problème.

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Cela fait huit minutes que les deux hommes échangent, et l'ambiance est donc définitivement réchauffée. Florian Philippot évoque alors (pour la seconde fois déjà) l'appartenance de son opposant au PS. "Le Parti socialiste, c'est votre parti", dit-il à celui qui fut l'un des premiers socialistes à rejoindre En Marche !, en avril 2016. Celui-ci ne répond pas encore à ce sujet mais fustige le "tissu de mensonges" de l'eurodéputé frontiste au sujet du programme économique d'Emmanuel Macron. Mais Philippot ne désarme pas et accuse l'ancien ministre de vouloir "précariser" la société, ce qui donne lieu à ce qui suit :

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- Richard Ferrand : Non mais attendez, arrêtez de vous agiter comme ça...



- Florian Philippot : Mais supportez le débat, monsieur Ferrand ! Restez calme, ça va bien se passer hein. [...]



- Richard Ferrand : Moi j'ai dirigé des entreprises, j'en ai créées et des accords d'entreprise j'en ai signés beaucoup pendant que vous, vous étiez un responsable de parti politique.



- Florian Philippot : Non, probablement que j'étais pas né...



- Richard Ferrand : Ça c'est un peu désobligeant.



- Florian Philippot : Bah non excusez-moi euh...



- Richard Ferrand : Vous êtes grossier, vous êtes grossier comme votre candidate mais ça nous est égal.



- Florian Philippot : Je suis pas grossier, c'est la réalité, c'est comme ça.

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Ça y est, le niveau est bel et bien là. Mais ça n'est pas fini. Florian Philippot pointe ensuite le fait que Richard Ferrand est au PS "depuis 22 ans" (27 en fait, selon sa fiche wikipedia), ce qui en fait "un apparatchik" comme la plupart des responsables d'En Marche ! selon lui. Nous n'aurons pas la mesquinerie de détailler les dates d'adhésion au FN de ses principaux cadres pour nous concentrer sur la réponse de Richard Ferrand :

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Vous êtes le lapin Duracell de la sottise vous savez, dès que vous pouvez vous débitez... [il est coupé] Étant mis en cause personnellement, je veux préciser que j'ai été directeur salarié d'une entreprise pendant 20 ans, jusqu'en 2012, date à laquelle je suis devenu parlementaire et qu'au préalable j'avais géré d'autres entreprises donc je ne suis pas un apparatchik. Donc vous mentez.

 

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On saluera tout de même cette tentative de recentrage du débat signée Jean-Michel Aphatie : "On s'éloigne un peu du sujet et puis on s'en moque un peu en fait." La discussion finit tout de même par revenir sur les questions économiques... mais reprend vite des airs de pugilat, avec par exemple cette *blague* de Richard Ferrand :

 

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Arrêtez avec vos slogans à deux euros, si je puis dire... ou à deux francs.

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Florian Philippot déroule ensuite les dépenses que souhaite faire Marine Le Pen en matière sociale et au soutien du pouvoir d'achat :

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- Richard Ferrand : Il rase gratis mais en monnaie de singe car le franc sera à ce point dévalué que les cadeaux seront en monnaie de singe.



- Florian Philippot : Monsieur Ferrand, soyez poli, c'est vous qui êtes grossier là, à parler tout le temps en même temps.



- Richard Ferrand : Non mais attendez, vous croyez que je vais me laisser impressionner par votre crachoir [sic] ?



- Florian Philippot : Mais soyez juste respectueux du débat démocratique, vous n'avez pas encore gagné, vos banques et vos agences d'État n'ont pas encore fait l'élection, ni vos médias.



- Richard Ferrand : 'Vos médias', ah bon ? Qui vous invitent jour et nuit ?

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C'est l'heure du flash info de 8h50. Une minute de pause donc. Et au moment du retour plateau, Florian Philippot lâche ceci, sans que l'on sache ce qui s'est passé pendant la coupure :

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On a vraiment l'impression qu'ils ont gagné hein ! Ils nous concèdent du temps de parole... C'est à La Rotonde [voir ici , ndlr] que vous avez décidé ça ? Ou au Fouquet's ? Quand on parle, c'est une concession, monseigneur Macron a décidé que les manants d'opposants avaient le droit de s'exprimer dans ses médias.

 

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On passera sur les "oligarchie", "toujours les mêmes", "PME familiale" et "caste de Montretout" que se renvoient ensuite les deux hommes pendant quelques instants. Restent deux minutes d'émission durant lesquelles Richard Ferrand justifie le fait qu'Emmanuel Macron n'ait pas annoncé le nom de son Premier ministre en cas de victoire (contrairement à Marine Le Pen qui nommerait Nicolas Dupont-Aignan), tandis que Florian Philippot défend à nouveau le flagrant plagiat - pardon, le *clin d’œil* - opéré par sa championne sur un récent discours de François Fillon. Et le tout se termine dans une certaine confusion et par cet ultime échange d'amabilités :

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- Richard Ferrand : Continuez votre propagation de fausses rumeurs. Quel triste sire vous faites...



- Florian Philippot : Oh je suis pas dans l'insulte moi, monsieur.

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Au bout de 25 minutes, c'est enfin fini. Et ça promet s'il s'agissait d'un avant-goût du grand débat d'entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen...

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