Vote des étrangers : souvent Sarkozy varie

Publié à 19h18, le 23 novembre 2011 , Modifié à 11h12, le 08 décembre 2011

Vote des étrangers : souvent Sarkozy varie
Nicolas Sarkozy à Avignon le 18 novembre 2011. (Reuters)

La nouvelle majorité socialiste au Sénat présente jeudi et vendredi une proposition de loi  visant à permettre aux étrangers de voter aux élections municipales.

Recevant mercredi les députés UMP à l'Élysée, Nicolas Sarkozy a dénoncé une volonté du PS de "chercher un vote communautaire". Le 23 novembre, le chef de l'État s'était déjà prononcé contre cette mesure "depuis longtemps". Ce qui est loin d'être vrai...

Le Lab rouvre donc la boîtes à vidéos d'archives pour constater les pirouettes de Sarkozy - et de ses fidèles lieutenants Brice Hortefeux et Claude Guéant - sur ce dossier.

  1. 2011 : "Depuis longtemps" contre

    Sur boursier.com

    Devant ses troupes, Nicolas Sarkozy se veut ferme. Mercredi, face aux devant députés UMP, le chef de l'Etat a estimé que les socialistes cherchaient avec cette proposition de loi à s'attirer les faveurs d'un "vote communautaire ".

    Recevant 2.000 maires à l'Élysée mercredi 23 novembre, le chef de l'État avait jugé la proposition socialiste "hasardeuse" car elle "risque de diviser profondément les Français". 

    EXTRAIT

    "

    Je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu, dans nos territoires, doit demeurer un droit attaché à la nationalité française, étendu pour les élections municipales et européennes aux citoyens européens qui partagent avec nous une communauté de destins.

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  2. 2008 : pour, "à titre intellectuel"

    Sur ina.fr

    Lors de l'émission En direct de l'Élysée, le 24 avril 2008, Nicolas Sarkozy est interrogé sur cette question par Yves Calvi.

    EXTRAIT

    "

    A titre intellectuel oui (je suis pour), mais je n'ai pas la majorité pour le faire passer donc ce n'est pas un projet que je soumettrai.

    "
  3. 2008 : Jean Sarkozy met son grain de sel

    Sur lepoint.fr

    A l'automne 2008, le fils du Président se positionne sur le Point.fr en faveur d'une loi que son père ne veut plus faire passer.

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    En réalité, cela existe déjà, mais uniquement pour les ressortissants des pays de l'Union européenne.Pourquoi pas les autres ? Un Maghrébin qui parle notre langue, paie des impôts et a construit des choses en France n'a pas le droit d'élire son maire, mais un Italien qui travaille dans une grande entreprise, lui, en a le droit.

    "
  4. 2005 : "j'y suis favorable"

    Sur ina.fr

    Alors ambitieux ministre de l'Interieur, Nicolas Sarkozy se prononce le 25 octobre 2005 pour le droit de vote des étrangers.

    "

    J'ai considéré que le débat sur le droit de vote, aux seules municipales, pour des étrangers vivant depuis dix ans sur le territoire nationale respectant nos lois, payant leurs impôts et ayant des papiers était une question qui devait être ouverte. En ce qui me concerne, j'y suis favorable. 

    "
  5. 2005 : Hortefeux et l'argument du père de Zidane

    Sur discours.vie-publique.fr

    Invité de France Info le 26 octobre 2005 (et non pas 2006 comme indiqué par erreur sur le site qui retranscrit l'interview ), Brice Hortefeux argumente longuement en faveur du droit de vote des étrangers.

    "

    Finalement : ne serait-il pas juste que celui qui s'est intégré et qui paie ses impôts puisse voir ce que l'on fait de son argent ?

    Je prends des exemples très simples : on connaît tous le restaurateur asiatique qui a fui par exemple le régime oppressant communiste terrible de Pol Pot, ses enfants sont aujourd'hui français, mais lui souhaite conserver un lien avec son pays d'origine; eh bien, il n'a pas le droit de voter.

    Vous prenez le père de Zidane. Eh bien, sans doute le père de Zidane n'a-t-il pas le droit de voter.

    Donc, ce qui est proposé, c'est, encore une fois, des mesures qui simples, qui sont justes, c'est un débat, c'est ouvert, nous sommes naturellement prêts à la discussion mais nous disons simplement : ne faisons pas de montagne de ce qui n'est qu'une proposition et une proposition d'ailleurs qui a été concrétisée il y a très longtemps puisque cette procédure existe depuis 1850 en Suisse, 1850, et il y a aujourd'hui quatorze pays en Europe qui la pratiquent.

    Donc, vous voyez, c'est simplement oser l'audace et l'imagination.

    "
  6. Guéant : publiquement contre, intimement pour ?

    Sur lepoint.fr

    Dans une interview au Figaro publiée ce jeudi, le ministre de l'Intérieur accuse la gauche "d'agiter l'épouvantail du droit de vote des étrangers".

    Dimanche 27 novembre lors du Grand Rendez-Vous sur Europe 1, il avait estimé qu'il y avait "trop" d'étrangers en situation régulière en France, s'attirant ainsi de nombreuses critiques. 

    Pourtant selon un article de l'hebdomadaire Le Point, Claude Guéant est personnellement favorable au droit de vote des étrangers mais ne pense pas que les Français soient prêts.

    EXTRAIT de cet article du Point

    "

    Au printemps dernier, en marge d'un déplacement à Milan, bien avant que la Droite populaire ne rédige une pétition contre le vote des étrangers, le ministre de l'Intérieur confiait au Point y être favorable, "comme le président de la République". Il précisait cependant que les Français n'étaient "pas encore mûrs sur le sujet".

    "
  7. 2001 : "pas outrageusement choqué"

    En janvier 2001, dans son livre Libre, Nicolas Sarkozy écrit  :

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    J'avoue ne pas être outrageusement choqué par la perspective de voir des étrangers, y compris non communautaires, voter pour les scrutins cantonaux et municipaux (...) à compter du moment où ils paient des impôts, où ils respectent nos lois.

    "
  8. 1997 : "sans ambiguïté contre"

    Sur ina.fr

    Invité de l'émission de France 2, Les Lundis de l'informationle 24 novembre 1997, Nicolas Sarkozy, alors secrétaire général du RPR, se prononce clairement contre.

    "

    Est-ce que je suis pour le droit de vote des immigrés aux élections locales ? Ma réponse est sans ambiguïté : je suis contre le droit de vote des immigrés.

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  9. Analyse : Pourquoi toutes ces pirouettes ?

    Sur leparisien.fr

    Ce revirement sarkozyste - désormais farouchement contre le droit de vote des étrangers - s'expliquerait par deux facteurs majeurs, selon un article d'analyse du Parisien  publié jeudi.

    • La nécessité de se démarquer des socialistes qui se sont prononcés pour dès le soir de leur victoire au Sénat.
    • S'assurer le vote de l'électorat populaire qui serait majoritairement contre comme l'indique des sondages confidentiels commandés par l'Élysée.
  10. Cet article se construit avec vous !

    Vous avez vu une video, un tweet, un article sur les revirements du Président sur le droit de vote des étrangers ? Collez le lien dans les commentaires, nous l'ajouterons à l'article !

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