À l'UMP, "n'importe quel veau pourra battre François Hollande", selon Bernard Debré

Publié à 12h48, le 08 septembre 2014 , Modifié à 19h26, le 17 octobre 2014

À l'UMP, "n'importe quel veau pourra battre François Hollande", selon Bernard Debré
Bernard Debré © IP3 PRESS/MAXPPP

"HOMME PROVIDENTIEL" - Bernard Debré ne veut pas que Nicolas Sarkozy, qu'il avait qualifié de "branche morte" après l'éclatement du scandale Bygmalion, reprenne la tête de l'UMP, alors que le principal intéressé n'a toujours pas annoncé publiquement ses intentions. Ce ne serait pas sa place en tant qu'ancien président de la République, a de nouveau estimé le député UMP, lundi 8 septembre sur RFI.

Car pour ce gaulliste revendiqué et de filiation (il est le fils de Michel Debré, ancien Premier ministre du Général de Gaulle et rédacteur de la Constitution de 1958), le chef de l'État est par définition "au-dessus des partis".

Mais la tradition des institutions de la Ve république n'est pas le seul argument de Bernard Debré. Non, non, le député UMP de Paris estime tout simplement que la droite n'a pas besoin de Nicolas Sarkozy pour reprendre le pouvoir. Et il précise sa pensée par des mots très forts et très cruels pour François Hollande (mais aussi, en creux, pour Nicolas Sarkozy) :

Nicolas Sarkozy était présenté comme l’homme providentiel, on disait : 'Il pourra battre François Hollande'. C’est plus d’actualité. N’importe quel veau pourra battre François Hollande. Il suffit qu’il y ait marqué 'droite' dessus.



Et puis après on disait : 'Oui mais il pourra battre Marine Le Pen'. Mais là, toute la droite pourra battre Marine Le Pen, que ce soit Juppé, Fillon ou [Sarkozy]. Donc il n’est plus l’homme providentiel, il va devenir l’homme président de l'UMP et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose, vu l’état de l’UMP et les finances de l’UMP.

Bernard Debré fait ici référence à un sondage Ifop pour Le Figaro, publié vendredi 5 septembre. Selon ce sondage, la présidente du Front national arriverait en tête au premier tour dans tous les cas de figure, si la présidentielle avait lieu demain. Au second tour, seul François Hollande ne parviendrait pas à la battre, à la différence de tous les candidats possibles à droite.

Le député de Paris est d'ailleurs tout à fait en accord avec Manuel Valls lorsque celui-ci dit que "l'extrême droite est aux portes du pouvoir". Les bons scores du parti frontiste aux dernières élections législatives et municipales s'expliquent, selon Bernard Debré, par le fait que "la gauche s’est effondrée" et que "la réserve de voix de Marine Le Pen c’est la gauche, c’est la CGT". "Regardez la similitude entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sur ses propositions anti européennes, sur ses propositions pour sortir de l'euro", argumente-t-il.

Et d'embrayer sur un thème cher à la présidente du FN : "l'UMPS". Un sujet sur lequel il trouve que "malheureusement, elle a un peu raison" :

Je suis furieux, je ne dirais pas terrorisé parce qu’il faut se battre et je suis sur la ligne Juppé. Nous devons nous battre, assez de complaisance, nous devons nous battre nous-mêmes avec nos armes et nos idées, nos idées qui ne sont pas les mêmes que celles du FN. Nous n’avons pas les mêmes valeurs.



[...] Parce que le deuxième volet de la raison pour laquelle Marine Le Pen est en tête, c’est qu’elle dit et c’est une phrase ravageuse : 'C’est l'UMPS, c’est les mêmes d’un côté ou de l’autre'. Et en cela, malheureusement, elle a un peu raison. On s’est laissés dissoudre, pendant un certain nombre d’années, avant que François Hollande ne soit là, avec le dernier quinquennat de Jacques Chirac, avec celui de Nicolas Sarkozy. C’était un peu erratique et puis finalement, même s’il y avait de vraies différences avec le quinquennat de François Hollande, les résultats n’ont pas été là. Je ne dis pas que c’est de la faute de l'un ou de l’autre, je dis simplement que pour le Français, le chômeur, on voit le chômage augmenter, la criminalité déborder et c’est quelque chose qui les frappe et ils se disent : 'On a essayé l’un, on a essayé l’autre, qu’est-ce qu’il reste ? Le Front national.

Bernard Debré demande donc une clarification de la ligne politique de l'opposition "de droite" - terme qu'il n'aime pas particulièrement :

Nous avons, nous gaullistes, un certain nombre de valeurs qui ne sont pas étiquetées. Oui il faut la sécurité, il faut relancer le travail par l’effort, il faut supprimer les 35 heures, etc. Nous avons un corpus. Alors est-ce que c’est à droite, je n’en sais rien. C’est une politique qui doit être claire et compréhensible par tous les Français. Oui, alors disons que c’est à droite, peut-être, sécuritaire pourquoi pas. Mais la gauche on ne sait pas où elle est non plus, elle change de cap tous les jours, toutes les minutes.

Du rab sur le Lab

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