VIRUS - Ils n'ont pas été sanctionnés par le PS pour leur opposition à la loi Macron, mais à l'avenir, leur indiscipline se réglera directement avec Jean-Christophe Cambadélis. Et en attendant, les frondeurs continuent de se faire dézinguer par l'exécutif.
Jeudi 26 janvier, c'est Emmanuel Macron qui les pilonne. Longuement cité par Le Monde, le ministre de l'Économie se fait très prolixe au sujet de ces socialistes contestataires, qui ont à ses yeux, en premier lieu, profité des distances prises par le patron du PS sur le travail dominical :
"Sur cette position initiale du parti, s’est greffé un foyer infectieux qui ne s’est pas éteint. Au cours de la dernière nuit de discussion à l’Assemblée, j’ai été saisi de voir à quel point certains députés étaient dans un débat théorique et à quel point ils perdaient le réel.
"
Emmanuel Macron ne digère pas le fait que Solférino n'ait, dans cette histoire, pas suffisamment "joué son rôle de régulateur entre les forces en présence". Il embraye :
"S’est cristallisée une dynamique très politicienne, avec quelques parlementaires qui ont eu des réflexes de congrès sur ce texte et qui ont pensé qu’il s’agissait d’une motion de parti.
"
Mais ce n'est pas fini. Le ministre de l'Économie poursuit son argumentaire anti-frondeurs, qualifiés de "fainéants" par opposition aux "artisans" de la politique (dont il estime faire partie) :
"Je pense qu’il y a une politique de fainéants et il y a la politique des artisans. Moi je fais la politique avec les artisans et les artisans, au sens fort du terme, ce sont ceux qui ont passé des jours et des nuits à travailler un texte au fond, qui savent ce qu’il y a dedans, qui peuvent en être fiers. Et il y a la politique des fainéants, qui consiste à regarder la surface de l’eau. On meurt de cela [référence vallsienne s'il en est, ndlr].
"
Benoît Hamon, en guerre ouverte avec le gouvernement, est tout particulièrement visé :
"Qu’un ancien ministre, alors que beaucoup de dispositions de la loi consommation qu’il avait portées et qui n’avaient pu aboutir figurent dans ce texte, méconnaisse les avancées sociales, précisément sur la question de la compensation, et justifie ainsi un vote contre le gouvernement, laisse à penser que l’on a perdu de vue la réalité des choses ou qu’on a perdu de la culture politique. Il avait simplement besoin d’un prétexte pour installer son vote contre. Tout le reste n’est que littérature.
"
Une saillie qui vient s'ajouter à celle de François Hollande. Le président de la République a récemment fait part de son ahurissement quant à l'attitude des frondeurs :
"Ils sont complètement siphonnés, complètement dingos d’avoir cassé l’esprit du 11 janvier, à un mois des élections départementales !
"
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[BONUS TRACK] Je suis neuf et je le reste
Souvent critiqué pour son parcours atypique (36 ans, non élu, ancien banquier d'affaires), Emmanuel Macron tente de retourner ces arguments à son avantage. Il revendique notamment son côté "novice de la politique". Il explique, toujours au Monde :
"A l’évidence, j’ai moins les codes que certains, moins de liens personnels, moins d’expérience de la politique politicienne. Si la question est de savoir si, avec vingt ans d’expérience politique derrière moi, ce texte aurait eu un autre sort, je ne sais pas le dire. Peut-être qu’il n’aurait pas eu la même ambition. C’est ça le pire. Nombre de fois, je vois chez celles et ceux qui invoquent l’expérience une dérive qui consiste in fine à réduire l’ambition collective d’améliorer les choses. Si c’est ça l’expérience, je préfère rester neuf.
"