Henri Guaino fustige "l'épouvantable arrogance" d'Alain Juppé : "Pour donner des leçons de morale, il faut être exemplaire"

Publié à 11h21, le 06 juillet 2014 , Modifié à 11h25, le 06 juillet 2014

Henri Guaino fustige "l'épouvantable arrogance" d'Alain Juppé : "Pour donner des leçons de morale, il faut être exemplaire"
Henri Guaino sur Europe 1, le 6 juillet 2014. (Capture d'écran i-Télé)

L'ARROGANCE - "Si on fait de la politique pour ne pas être franc, ce n'est pas la peine". Invité dimanche 6 juillet du Grand Rendez-vous Europe1/i-Télé/Le Monde, le député des Yvelines et ancien conseiller politique de Nicolas Sarkozy Henri Guaino y est allé franchement. Et c'est l'ancien Premier ministre Alain Juppé qui en a fait les frais.

"Je commence à être un peu fatigué des leçons de Monsieur Juppé", commence-t-il, très remonté contre la justice après la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour corruption active, trafic d'influence actif et recel de violation du secret professionnel. Il poursuit :

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Je le connais depuis les guerres absolument terribles qui l'ont opposées à Philippe Séguin ou Charles Pasqua du temps du RPR. Je voudrais d'abord faire remarquer à M. Juppé que les guillemets ne servent pas à encadrer des expressions inappropriées mais simplement des citations donc quand on est agrégé de lettres on fait attention à l'usage du français, même quand on veut être désagréable, c'est pas la peine en plus de tordre la langue française.

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Henri Guaino poursuit :

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Deuxièmement, je croyais que les épreuves de la vie avait enfin débarrassé Alain Juppé de cette épouvantable arrogance, de cet épouvantable mépris dont il accable depuis toujours tous ceux qui sont en désaccord avec lui. Eh bien, force est de constater que non.

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Jeudi, Alain Juppé avait estimé que la stratégie de Nicolas Sarkozy de critiquer la justice française à la télévision n'était "pas la bonne méthode". Mais l'attaque d'Henri Guaino semble aussi trouver sa source dans la campagne des Européennes, lorsque l'ancien Premier ministre lui avait proposé de "se mettre en congé de l'UMP" après qu'Henri Guaino eut marqué sa désapprobation de la candidature d'Alain Lamassoure en Ile-de-France :

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J'ai déjà vécu cela pendant la campagne des Européennes, je l'ai pris sur le ton de la plaisanterie. Il a des leçons de morale à donner, qui ne se souvient de son histoire ? Pour donner des leçons de morale, il faut être exemplaire. Tout le monde ira voir ce qu'a été son histoire, je ne la lui reproche pas mais ca ne donne l'autorité et la légitimité nécessaire pour pouvoir donner des leçons aux autres.

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Cette dernière déclaration est une allusion transparente à la condamnation d'Alain Juppé intervenue dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Une condamnation dont Nicolas Sarkozy voudrait par ailleurs faire un argument politique pour barrer la route à celui qui est présenté comme son principal concurrent à droite.

[BONUS TRACK] Episode 1

Auparavant, Henri Guaino s'était chauffé la voix en répondant au président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré. Celui-ci avait fustigé la décision de Nicolas Sarkozy d'aller à la télévision critiquer les juges qui l'ont mis en examen pour corruption active, trafic d'influence actif et recel de violation du secret professionnel. D'ordinaire précautionneux, Jean-Louis Debré a déclaré :

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Quand des responsables politiques commencent, à droite ou à gauche, à s'en prendre aux juges, c'est un des fondements du vivre ensemble, de la République qui est atteint.

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Réponse d'Henri Guaino :

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Je voudrais dire à mon ami Jean-Louis Debré, je suis tout à fait d'accord pour le rêve partagé, mais quand le rêve tourne au cauchemar il faut peut-être avoir le courage de le dire. Or le rêve de la République est en train de tourner au cauchemar, à cause de la dérive de toutes les institutions et en particulier de l'institution judiciaire.

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Henri Guaino, qui tout comme Nicolas Sarkozy pointe une "instrumentalisation politique d'une partie de la Justice", poursuit :

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Le chaos judiciaire est toujours l'antichambre du chaos institutionnel et du chaos démocratique. Jean-Louis Debré dit: "Oh mais il y a des procédures quand on n'est pas content". C'est faire comme si les décisions de justice n'avaient aucun impact, (...) aucune conséquence sur les personnes, ce n'est pas possible.

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