Michel Sapin aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence : "Notre amie c'est la finance"

Publié à 10h38, le 06 juillet 2014 , Modifié à 10h40, le 06 juillet 2014

Michel Sapin aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence : "Notre amie c'est la finance"
Michel Sapin à la sortie de l'Elysée, le 25 juin 2014. (MaxPPP/Vincent Isore)

DISCOURS DU BOURGET, S02E08 - La finance, nouvelle amie du gouvernement ? Oui, à en croire la petite blague de Michel Sapin, qui en a fait "l'amie" du gouvernement dimanche à Aix-en-Provence

En janvier 2012, François Hollande avait lancé sa campagne par un discours fondateur, celui du Bourget.

Dans ce texte écrit par Aquilino Morelle - qui a démissionné de son poste de conseiller politique à l'Elysée après un article de Mediapart évoquant un possible conflit d'intérêt -, François Hollande avait assuré que la finance était "son adversaire", suscitant alors l'inquiétude de la presse financière internationale :

Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne.Cet adversaire, c'est le monde de la finance.

"Mon adversaire, c'est le monde de la finance" : depuis, la citation a fait florès et refait fréquemment surface, dans la bouche notamment de ceux qui entendent rappeler François Hollande à ses promesses de campagne.

C'est le cas par exemple de Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche, qui faisait de la finance, "qui profite, salit et saigne sans limite tout ce qu'elle touche", son "ennemie" en décembre 2013.

Mais il n'y a pas que ceux qui dénoncent la politique perçue comme libérale de François Hollande qui ont gardé en mémoire le discours du Bourget.

Invité dimanche des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, le ministre a, dit-il, fait valoir sa "part de provocation" en travestissant la célèbre formule de François Hollande : oui, la finance est l'"amie" du gouvernement.

"Nous avons à répondre à une très belle question", commence-t-il devant un parterre d'acteurs de l'économie internationale, avant d'expliciter cette question :

"Y a-t-il une finance heureuse, au service d'investissements heureux ?" Je l'exprimerai autrement et vous verrez ma part de provocation. Notre amie c'est la finance: la bonne finance.

Le mot d'esprit a eu son petit succès, provoquant des rires dans la salle, selon l'AFP. Mais Michel Sapin nuance ensuite pour se replacer dans les pas de François Hollande :

Y a-t-il encore de la régulation à mettre en oeuvre, de la lutte contre un certain nombre d'éléments d'instabilité pour, au fond, éviter la part considérable de la mauvaise finance, notre ennemie, qui a été à l'origine en grande partie de la crise de 2008-2009? De ce point de vue là, le chemin parcouru est considérable, il en reste encore à parcourir. Nous avons besoin encore de régulation financière. Pour tout ce qui est bancaire on a bien avancé, pour tout ce qui est extra-bancaire il y a encore du chemin à faire.

Il est en tout cas un autre domaine dans lequel Michel Sapin semble s'inspirer de François Hollande : son goût pour les petites blagues.

Du rab sur le Lab

PlusPlus