CHICHE – "J’y suis favorable." Dans son discours sur l’immigration en forme de réponse à Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Sarkozy , François Hollande a répété être favorable à sa promesse de campagne d’accorder le droit de vote des étrangers, non communautaires, aux élections locales. Mais, pour ce faire, il a appelé, puisqu’il ne bénéficie pas sur ce sujet d’une majorité des 3/5e au Parlement, les "forces républicaines" à prendre "leurs responsabilités" .
Ce mardi 16 décembre, l’opposition a répondu au chef de l’Etat. Et la tonalité est claire : l’opposition y est opposée, nettement, et met au défi François Hollande de faire un référendum. Seule solution pour dépasser le manque de majorité au Parlement. Ainsi, sur France Info, le député UMP – et candidat déclaré à la primaire – Xavier Bertrand a estimé que "ce n’est pas aux partis politiques de prendre leurs responsabilités". Il ajoute, précisant avec fermeté qu’il y est farouchement opposé :
"C’est au président de la République. Et je demande à François Hollande, sur un sujet comme celui-ci, de se tourner vers les Français.
"
Parallèlement, sur France 2, c’est le nouveau président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde qui avait également enjoint le chef de l’Etat à en passer par le processus référendaire :
"Il sait très bien qu’il ne peut pas, par le Parlement, faire voter une loi qui permettrait aux étrangers de voter dans notre pays. S’il ne peut pas, ce n’est pas parce qu’il n’a pas de majorité au Parlement, c’est parce qu’il n’y a pas de majorité dans le pays. Si le président croyait vraiment dans sa promesse, il ferait un référendum. Sinon c’est une hypocrisie de plus.
"
Lundi, sur LCP, le député UMP Georges Fenech avait lui proposé que la majorité socialiste prenne elle-même sa responsabilité en ayant "le courage de mettre le texte sur le droit de vote des étrangers à l’Assemblée".
Joue-là comme Mitterrand. Après avoir mis Hollande au défi, ces ténors de l’opposition ont également dénoncé une manœuvre politicienne de la part du chef de l’Etat qui relance ce débat, selon eux, pour faire monter le Front national à l’approche des échéances électorales de 2015 (départementales et régionales). Ainsi pour Xavier Bertrand, François Hollande "agite ce sujet, comme François Mitterrand, pour faire monter le FN" tandis que Jean-Christophe Lagarde a "l’impression que c’est un prétexte". Il poursuit :
"C’est une énième manœuvre pour essayer de faire monter le Front national. Pour moi la nationalité est intimement liée au droit de vote. Dissocier nationalité et droit de vote, ça n’a pas de sens.
"
Et Alain Juppé, aussi, de renchérir sur son blog avec un billet intitulé "diviser pour régner ?" en citant également François Mitterrand :
"Monsieur Hollande renoue avec la bonne vieille tactique des chefs du PS depuis François Mitterrand: agiter le chiffon rouge du vote des étrangers pour re-mobiliser la gauche de la gauche, tout en faisant monter le Front national.
"
Dimanche, c’est Jean-Pierre Raffarin qui avait établi la même critique de manœuvre politicienne, tout en expliquant qu’il n’était pas, fondamentalement , opposé, lui, au droit de vote des étrangers.