Pour Stéphane Le Foll, le discours de Benoît Hamon offre "un espace considérable à Marine Le Pen"

Publié à 08h03, le 16 décembre 2014 , Modifié à 11h17, le 16 décembre 2014

Pour Stéphane Le Foll, le discours de Benoît Hamon offre "un espace considérable à Marine Le Pen"
Stéphane Le Foll © Maxppp/Christophe Petit Tesson

Benoît Hamon fait le jeu du FN. C'est en substance ce qu'explique Stéphane Le Foll dans une interview à Libération, mardi 16 décembre. Un entretien durant lequel le porte-parole du gouvernement s'échine à demander, sur tous les tons, à ses camarades socialistes d'être "fiers" de l'action de l'exécutif et de la "valoriser". Et visiblement, l'ancien ministre de l'Éducation nationale, devenu frondeur, ne le fait pas suffisamment à ses yeux. 

Le quotidien fait remarquer à celui qui est également ministre de l'Agriculture que Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, "reprend beaucoup des arguments des frondeurs et de Martine Aubry". Cette dernière "n'est pas la seule à incarner les valeurs du socialisme", rétorque Stéphane Le Foll. Qui enchaîne immédiatement : 

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Nous ne pouvons être uniquement dans la critique et jamais dans la défense et la fierté de ce qui a été fait. Si nous laissons penser, comme le fait Benoît Hamon, qu'on "court à la catastrophe", nous intégrons le défaitisme et nous offrons un espace considérable à Marine Le Pen qui surfe sur la peur des autres, de l'Europe, du monde.

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Un peu plus loin, il ajoute : "Ceux qui dénigrent en permanence notre travail portent une lourde responsabilité". Benoît Hamon est donc nommément identifié et son patronyme associé à celui de la présidente frontiste, dans une référence à l'une de ses sorties polémiques.

Le 22 octobre dernier, l'ex-ministre redevenu député venait de rejoindre le camp des frondeurs du PS, en s'abstenant de voter le Budget 2015. Il expliquait cette prise de position par son "désaccord sur une politique économique qui privilégie la réduction des déficits pour financer 40 milliards d’aides et de soutien aux entreprises". Benoît Hamon ajoutait que ce "déséquilibre [était] de nature à déstabiliser notre économie". La politique de l'exécutif "menace la République", assénait-il encore, agitant le risque d'un "immense désastre démocratique", soit un nouveau 21-avril en 2017.

Tollé à Solférino, Stéphane Le Foll (déjà) lui suggérant notamment de "quitter le PS". Le lendemain, Benoît Hamon se livrait donc à un véritable marathon médiatique pour tenter d'éteindre l'incendie. Il reconnaît alors "un raccourci" dans son propos et "regrette la proportion de la polémique". Mais soutient tout de même son idée générale : 

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Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'en France, moins d'État, cela signifie moins de République et donc plus de FN. Je redis ma conviction : on ne peut pas attribuer la montée du Front national à tout le monde sauf à nous.

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Il concluait sa journée en "assumant totalement" les mots de "désastre démocratique". Voilà donc qu'à son tour il est accusé, par un Hollandais historique et voix du gouvernement, de faire monter le Front national.

On croyait pourtant que les tensions entre Benoît Hamon et le PS s'étaient apaisées dernièrement. Qualifié de "personnalité de gauche hostile au président de la République" dans une lettre du parti au CSA, l'ancien ministre s'en était ému, par la voix de ses amis membres de son courant Un monde d'avance, lui aussi par courrier, adressé cette fois à Jean-Christophe Cambadélis et révélé par Le Lab. Après explication avec ce dernier, Benoît Hamon a indiqué, lundi 15 décembre au Petit Journal de Canal +, que "l'incident [était] clos". Un peu tôt peut-être.

[Bonus Track] Macron, ce débutant non élu

Au détour de cette interview, Libération demande également à Stéphane Le Foll s'il est "de la même gauche qu'Emmanuel Macron", le ministre de l'Économie en première ligne sur sa "croissance et activité". Et le porte-parole du gouvernement, plutôt que de répondre sur le plan politique, préfère renvoyer son collègue à son inexpérience et au fait qu'il ne s'est jamais confronté au suffrage universel :

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Je suis ce que je suis. J'ai été élu à 23 ans dans un village de 256 habitants. J'ai une histoire qui imprime ce que je fais aujourd'hui. L'expérience politique, ça s'acquiert. Ça ne s'apprend pas.

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