Le député Paul Molac parle (encore) breton en pleine séance à l’Assemblée nationale

Publié à 15h26, le 13 mars 2015 , Modifié à 23h50, le 15 mars 2015

Le député Paul Molac parle (encore) breton en pleine séance à l’Assemblée nationale
Paul Molac © Montage Youtube / Le Lab

À l’automne 2013, il avait suscité l’amusement ou la stupeur de ses collègues en lâchant en plein débat parlementaire une citation en breton. Un fait rarissime à l’Assemblée nationale. Jeudi 12 mars, le député Paul Molac a remis ça.

Pour illustrer son soutien à une proposition de loi des radicaux de gauche censée abolir les tests de langue française pour les étrangers francophones candidats à la naturalisation, le député apparenté écologiste du Morbihan a glissé dans son intervention quelques mots de langue celte, traduction à l’appui. Voici ce qu’il a déclaré :

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On peut exprimer ses émotions et ce que nous sommes dans plusieurs langues. Et j’ai toujours trouvé curieux que la République fasse souvent le lien entre la langue française et la citoyenneté. Il est bien sûr compréhensible que le français soit la langue commune, mais yezh ma c’halon ha ma ene a zo ar brezhoneg – la langue de mon cœur et de mon âme est bien le breton – ce qui ne fait pas de moi un français pire, ou d’ailleurs meilleur, que les autres. La langue ne fait pas le citoyen.

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Regardez Paul Molac s'exprimer à la tribune :



Régionaliste, trilingue, chanteur dans un groupe bretonnant, Paul Molac est un fervent militant de la promotion de la culture et de la langue bretonne. Un profil atypique au Palais Bourbon, où l’usage veut que les débats se déroulent uniquement dans l’idiome national, conformément à l’article 2 de la Constitution ("La langue de la République est le français").

Une règle qui tolère des exceptions, selon le député PS Jean-Jacques Urvoas, par ailleurs élu du Finistère. Le président de la Commission des lois, qui ne parle pas breton ("sauf en termes usuels"), explique au Lab :

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Normalement, on n’a pas le droit (de parler dans l’hémicycle une autre langue que le français, NDLR). Mais suivant qui préside la séance, la tolérance existe. En fait, on ne risque rien, le compte-rendu se contente de ne pas reproduire les propos.

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Pourtant, les fonctionnaires chargés des débats ont en l’occurrence retranscrit au mot près la prise de parole de Paul Molac.

À en croire un article de L’Express.fr, seuls les tirades vraiment longues prononcées dans une langue étrangère ne sont pas dûment gravées dans les relevés des débats. Le magazine cite ainsi la formulation utilisée par le compte-rendu à propos d’une intervention de Jean-Pierre Brard dans l’hémicycle en 2007 :

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M. Jean-Pierre Brard fait un rappel au règlement en anglais.

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Moins coulant que l’UMP Catherine Vautrin face à Paul Molac jeudi, le président de séance avait alors rétorqué au député Brard :

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Votre intervention ne figurera pas au compte rendu car vous ne vous exprimez pas en français.

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Du rab sur le Lab

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