Le réquisitoire de Jean-Christophe Cambadélis contre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, qui "n'ont pas été bons" dans la gestion des attentats

Publié à 18h50, le 19 janvier 2015 , Modifié à 08h19, le 20 janvier 2015

Le réquisitoire de Jean-Christophe Cambadélis contre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, qui "n'ont pas été bons" dans la gestion des attentats
Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy © Montage Le Lab via AFP

À L'ATTAQUE - Nicolas Sarkozy a certes reconnu que François Hollande "a fait ce qu'il fallait faire", durant la gestion des attentats. Un Nicolas Sarkozy traité avec le plus grand soin par le président de la République pendant cette période. Mais à gauche, tout le monde n'a pas les mêmes égards vis-à-vis du président de l'UMP.

Dimanche 18 janvier, Fleur Pellerin a simplement indiqué qu'elle avait trouvé Nicolas Sarkozy "comme les autres". "Ni au-dessus de la mêlée, ni en-dessous, ni à droite ni à gauche", a-t-elle jugé. Ce lundi, Jean-Christophe Cambadélis ne prend même plus de telles précautions. Selon le Premier secrétaire du PS, invité de LCI dans l'après-midi, l'ancien chef de l'État, tout comme Marine Le Pen, "n'a pas été bon" ces derniers jours.

Car pour Jean-Christophe Cambadélis, on entre désormais dans "une nouvelle époque". Il estime que "tout le monde au PS est fier" de la gestion de François Hollande, qui "a incarné la nation dans l'épreuve". "Le fameux amateurisme de François Hollande et de son gouvernement, c'est dernière nous", assure le député de Paris. Cela "modifie un peu la donne", ajoute-t-il :

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Auparavant, les militants socialistes, il fallait leur remonter un peu le moral. Là, je viens de faire trois meetings de suite dans trois départements, les militants sont fiers, vous regardent. Ils disent : 'C'est bien ce que vous avez fait'. Et maintenant on peut aller faire du porte à porte parce que les gens vous disent :  'Vous avez été bons'. Ça modifie psychologiquement les choses et les autres n'ont pas été bons, ni Nicolas Sarkozy, ni Marine Le Pen.

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Et de dérouler sa critique sans concession de l'attitude de l'ancien président de la République qui, rappelons-le, refuse obstinément de converser avec lui :

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Sa contradiction, c'est qu'il est à la fois chef de parti et qu'il veut être au niveau du président de la République. Il a des difficultés à le gérer et c'est pour quoi il a paru flotter dès que moi j'ai lancé l'appel à manifester [le dimanche 11 janvier]. L'UMP, pendant une journée entière, n'a pas su s'il participerait à la manifestation alors qu'un certain nombre de responsables, Fillon, Juppé, Baroin, annonçaient qu'ils participeraient à cette manifestation. 



Donc il a eu des difficultés et après, dans la manifestation, quelle était sa place ? Il ne veut pas être bras dessus, bras dessous avec Jean-Christophe Lagarde et Jean-Christophe Cambadélis, il veut être devant avec les grands mais en même temps il n'est pas avec l'ensemble des formations politiques et il est obligé de se faufiler pour être en tête [voir ici, ndlr]. Donc il a un certain nombre de contradictions et les Français l'ont perçu et sont revenus un certain nombre d'éléments de critique à cette occasion.

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L'UMP n'a pas tardé à réagir aux propos du patron du PS. Ainsi, dans la foulée de Sébastien Huygue, c'est Laurent Wauquiez qui s'est aussi fendu d'un communiqué pour dénoncer les propos de Jean-Christophe Cambadélis, "des déclarations affligeantes", dit-il. Pour le numéro 3 de l'UMP, "le premier secrétaire du PS se montre indigne des enjeux auxquels fait face notre pays en se laissant aller à ce qu’il sait faire de mieux : de la basse bataille politicienne". Et d'ajouter :

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J’invite François Hollande à rappeler fermement à ses amis socialistes que l’heure est à l’ébauche de solutions pour nous défendre face aux dangers qui menacent la France, et à concentrer en particulier leurs réflexions sur l’évolution d’une politique pénale qui pourra mieux protéger les Français, en rupture avec les trois années de laxisme que nous a fait subir Mme Taubira.

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Voilà pour Nicolas Sarkozy. Vient ensuite la présidente du Front national. Jean-Christophe Cambadélis lance :

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Marine Le Pen a montré qu'elle n'avait pas le niveau de la présidence. [...] On peut concevoir qu'on puisse protester avec Marine Le Pen, mais que décidément, parce qu'elle divise la nation, elle ne peut pas la représenter.



2015, ce n'est pas 2017. On peut avoir des succès aux élections départementales ou régionales, parce qu'un certain nombre de Français sont dans l'islamophobie ou la xénophobie, mais ce n'est pas pour autant qu'on est en pôle position pour la présidentielle, parce que sa présidentialisation s'est heurtée à un certain nombre d'éléments qui la constituent.

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Pour le patron socialiste, il n'est "pas certain" que le parti frontiste bénéficie électoralement du climat actuel. Il table sur le fait que les électeurs tireront "une conclusion civique" des événements récents et des rassemblements, souvent spontanés, qui ont eu lieu partout en France. Et donc qu'ils iront voter en masse, ce qui nuira à la formation de Marine Le Pen, assure-t-il :

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Comme ils vont participer et voter, c'est l'abstentionnisme qui va reculer. Mécaniquement, le Front national n'aura pas la dynamique qu'il avait jusqu'à maintenant. Donc nous sommes dans une nouvelle époque politique.

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[Edit 21h15]

Dans un communiqué, le porte-parole de l'UMP Sébastien Huyghe estime que Jean-Christophe Cambadélis "vient de rompre unilatéralement un moment de rassemblement et de retenue qu'avaient observé la plupart des responsables politiques" et "révèle aujourd'hui sa vraie nature, celle du petit calculateur sans scrupules". Il demande par ailleurs à Manuel Valls de se désolidariser de ces propos :

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Est-ce la position du Parti socialiste et celle du Gouvernement ? Le Premier ministre doit se démarquer sans ambiguïté et immédiatement de ces jeux politiciens que les Français ne supportent plus. Le débat public doit retrouver de la dignité. Monsieur Cambadélis n’est pas qualifié pour être l’arbitre des élégances républicaines. Les sondages font-ils tourner la tête aux dirigeants socialistes ?

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Une dernière phrase en référence à l'historique remontée de François Hollande dans les sondages d'opinion. 

[Edit 20 janvier]Ajout des déclarations de Laurent Wauquiez

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