Morano règle ses comptes avec NKM et Wauquiez (et un peu Sarkozy)

Publié à 20h35, le 11 décembre 2014 , Modifié à 20h49, le 11 décembre 2014

Morano règle ses comptes avec NKM et Wauquiez (et un peu Sarkozy)
Nadine Morano © Francois Lafite/Wostok Press/Maxppp

Elle ne sera pas dans l'organigramme de l'UMP nouvelle. Nadine Morano a refusé le poste que Nicolas Sarkozy lui avait proposé, le jugeant en-deçà de ce qu'elle avait apporté à l'ancien chef de l'État et de ses précédentes responsabilités. Mais il y a une autre raison à ce refus, beaucoup plus forte : la nomination, aux postes de numéro 2 et numéro 3, de Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez

L'eurodéputée est très remontée contre la vice-présidente, le secrétaire général du parti et l'étalage qu'ils ont fait de leur inimitié ces derniers jours. Invitée de BFMTV jeudi 11 décembre, l'ancienne ministre a clairement réglé ses comptes avec les deux quadras à la tête de l'UMP. Mais en creux, Nicolas Sarkozy était également visé.

Après l'élection du président de l'UMP 29 novembre, "j'ai estimé que ça ne partait pas très bien, avec le choix de nommer Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, a-t-elle expliqué d'emblée. Je pense que ce grand écart idéologique est un peu difficile et par ailleurs je n'avais pas envie de faire partie de ceux qui devaient tenir les adducteurs pour éviter le claquage." Référence à la ligne très droitière que le député de la Haute-Loire incarne, ce qui gêne beaucoup de monde au sein du parti d'opposition. L'intéressé continue d'ailleurs de voir l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson et l'assume pleinement

Mais pour Nadine Morano, le plus dur à supporter aura finalement été le spectacle offert par NKM et Wauquiez, entre une petite guéguerre de bureaux et l'insistance de la première pour bien faire comprendre que le second lui était inférieur hiérarchiquement :

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On a vu dès les premières 48 heures les disputes de bureaux, de domaine de compétence, et si vous voulez j'ai pas vécu et déploré la guerre des grands chef pour au bout de 48 heures me retrouver dans un marigot de petits chefs.



Les cours de récréation ne m'intéressent pas. J'ai trouvé ça tellement exaspérant que dès les premières 48 heures avec ces tensions, j'ai pas voulu y participer.

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"Pathétique", assène-t-elle encore, déplorant ne pas avoir "senti une atmosphère qui répondait à [son] attente" dans cette "période transitoire" avant la construction du "projet" politique. Elle livre ensuite le fond de sa pensée, qualifiant les deux cadres d'"héritiers" qui, au fond, n'ont pas autant de "mérite" qu'elle :

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Les deux, le feu et l'eau, encore l'image des héritiers qui arrivent et qui sont là, à qui on doit donner des circonscriptions en or massif et faciles. On a besoin de montrer l'image de gens qui sont là par le mérite. Moi j'ai pas pris l'ascenseur politique, j'ai pris l'escalier politique.



[...] Vous savez très bien qu'ils ont eu des circonscriptions, quand même... Laurent Wauquiez a hérité de la circonscription de Jacques Barrot, Nathalie Kosciusko-Morizet de celle de Pierre-André Wiltzer... C'est plus facile de gagner dans ces conditions-là que d'aller se battre sur un terrain compliqué.

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"Mais c'est même pas la question", ajoute-t-elle aussitôt, affirmant que ce qui l'intéresse, c'est "le discours qu'on doit tenir aux gens".

De tout cela, ressort une critique implicite à l'encontre de Nicolas Sarkozy qui, dans sa volonté de rassembler, aurait au contraire, selon elle, créé les conditions de nouvelles fractures au sein de la droite. "Il s'est lancé dans une opération extrêmement compliquée, qui est de rassembler tout le monde, c'est pas une mince affaire", dit-elle, comme un euphémisme. Et d'ajouter : 

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On devra tous travailler d'abord pour l'intérêt général, pas pour quelqu'un. Il faut travailler pour les Français. Et quand ils nous regardent, ben ils se disent : 'C'est quoi ?'

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Elle rappelle que pour sa candidature à la présidence de l'UMP, elle lui a "ramené 1.200 parrainages" et "fait un meeting où il y a eu 3.500 personnes à Nancy". Même si elle s'en défend, elle peut difficilement cacher son amertume :

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Ensuite, on se dit qu'enfin, le chef est de retour, the boss is back. Et après vous dites : 'Bon voilà le secrétaire général et la vice-présidente, les premières 48 heures'... C'est-à-dire que les chicayades, pour moi j'en ai marre. Stop, j'en peux plus.

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En clair : le grand chef tant attendu n'arrive pas vraiment à apaiser les tensions qui agitent la droite depuis plusieurs années. Elle l'avait d'ailleurs prévenu, lui conseillant de placer ses proches aux postes-clé. Nadine Morano estime encore que "l'amitié et la reconnaissance, ça va dans les deux sens, ça ne va pas que dans un seul sens. Et je pense qu'il a été là pour moi, c'est vrai, et j'ai toujours été là pour lui aussi, et dans des moments où il n'y avait rien à attendre et où il y avait peu de monde".

Mais ne vous laissez pas duper par l'emploi du passé composé : ceci n'est pas une rupture avec Nicolas Sarkozy. Nadine Morano, elle, est "intéressée à construire la nouvelle famille politique" et ne fera "jamais défaut" à l'ancien président de la République.

Du rab sur le Lab

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