"Humilié" et visiblement ébranlé par une garde à vue de quinze heures et une mise en examen pour corruption active, trafic d'influence actif et recel de violation du secret professionnel, Nicolas Sarkozy règle ses comptes avec les juges, qu'il accuse d'être instrumentalisés par le gouvernement Valls, en accordant sa première interview depuis sa défaite en 2012.
Le Lab établit la liste de tous les nouveaux ennemis de l'ancien chef de l'État.
#SYNDICAT DE LA MAGISTRATURE
Le retraité politique le plus actif de France lit une lettre ouverte du syndicat de la magistrature, rédigée dans l'entre-deux-tours, en 2012, pour critiquer vertement le bilan de son quinquennat et appeller à voter François Hollande :
Je ne pense pas que 70 millions de justiciables aient reçu [cette lettre]. [...]
La revanche, lorsqu’on est magistrat et que l’on doit instruire à charge et à décharge, c’est la violation d’un principe du droit fondamental.
#LES DEUX DAMES
Nicolas Sarkozy concentre ses critiques contre celles qu'il nomme pendant toute l'entretien, "les deux dames". Comprenez Claire Thépaut et Patricia Simon, les deux juges d'instruction en charge de ce dossier.
Devais-je absolument avoir rendez-vous avec les deux dames qui m’ont donné rendez-vous à deux heures du matin cette nuit, après 14 heures d’interrogatoire par les policiers ?
Nicolas Sarkozy accuse publiquement la première, Claire Thépaut, de partialité :
Pardon de le dire, mais il est tout à fait invraisemblable qu’il se soit trouvé des magistrats nommés, pour s’occuper d’une affaire où mon nom est cité, un magistrat appartenant au Syndicat de la magistrature quand on connait son engagement.
Et il va encore plus loin :
Tout justiciable a le droit à un juge impartial. Je demande à ceux qui nous écoutent ou nous regardent : qui aimerait, pour avoir à trancher un différent entre lui et la Justice, en face de lui un magistrat dont l’obsession politique est de détruire la personne contre qui il doit instruire à charge et décharge…
#TAUBIRA
Madame Taubira, garde des Sceaux, sur le plateau de monsieur Bouleau, a été convaincue de mensonge lorsqu’elle a dit : "je n’ai jamais eu connaissance des écoutes des conversations de monsieur Sarkozy". Vous avez prouvé qu’elle avait menti.
#VALLS
Vous savez comme moi que monsieur Valls a menti lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. D’ailleurs, je suis très étonné.Ce matin même, monsieur Valls dit : "les faits qui sont reprochés à Nicolas Sarkozy sont très graves". Mais qu’en sait-il ? [...] A-t-il eu les juges au téléphone ? Lui a-t-on fait un rapport ? Il aurait dû dire "les faits supposés".
#SAPIN
Monsieur Sapin, ministre des Finances, a déclaré dans une interview récente, stupéfiante de sincérité : "Sarkozy, mais on va s’en occuper ! "
#L'ÉLYSÉE
Quant à monsieur Hollande, ses collaborateurs se sont livrés à une exploitation éhontée de mes archives, en violation de toutes les règles républicaines, qui ont été consultées sans que l'on m'en demande l'autorisation, distribuées à toute personne qui les voulait.
[BONUS TRACK] #POINT CAHUZAC
Monsieur Cahuzac, le ministre du Budget de Monsieur Hollande, qui était en charge de la lutte contre la fraude fiscale et à qui on a découvert un compte en Suisse, n’a pas fait une seconde de garde à vue. Je ne lui souhaite pas, mais je considère qu’il est anormal que moi, qui ai un casier judiciaire vierge, depuis le temps qu’on cherche des comptes dans tous les pays que j’aurais détenus et qu’on en n’a jamais trouvé, et pour cause… Est-il normal d’être traité comme ça ?