Où l'on apprend que Mitterrand partageait l'avis de Chirac au sujet de Juppé : "De tous, c'est le meilleur"

Publié à 13h17, le 02 janvier 2015 , Modifié à 13h22, le 02 janvier 2015

Où l'on apprend que Mitterrand partageait l'avis de Chirac au sujet de Juppé : "De tous, c'est le meilleur"
Alain Juppé et François Mitterrand © Montage Le Lab via AFP

Jacques Chirac voyait en Alain Juppé "le meilleur d'entre nous". C'est d'ailleurs toujours le cas, à en croire... Alain Juppé. Mais un autre ancien président de la République partageait cette vision des choses, et ce n'est pas le maire de Bordeaux qui nous l'apprend. 

Au détour d'un article du Point daté du 1er janvier, relatant un déjeuner avec Alain Juppé, le journaliste Franz-Olivier Gisbert se replonge dans ses notes d'une rencontre avec François Mitterrand, "à la fin de l'été 1994". Selon ce récit, le président de la République d'alors était on ne peut plus élogieux au sujet de son ministre des Affaires étrangères (de cohabitation) :

De tous, c'est le meilleur. Je n'ai jamais vu ça. Nous, à gauche, on n'a que des diesels ou des petites cylindrées. Lui, c'est une Ferrari.  Il a tout. La rapidité, le recul, l'intelligence, le sens de l'État et de l'intérêt général. 

Jacques Chirac, lui, ne prononcera sa célèbre phrase-hommage à Alain Juppé que quelques mois plus tard, durant la campagne pour la présidentielle de 1995... Mais François Mitterrand ne se bornait pas à constater les talents du futur maire de Bordeaux. Toujours selon ses propos rapportés par "FOG", le chef de l'État était convaincu du destin présidentiel d'Alain Juppé :

Rien ne l'arrêtera. Chirac lui laissera très vite les commandes et, vous verrez, cet homme va gouverner ce pays pendant vingt ans. Je plains ses adversaires. Aucun ne lui arrive à la hauteur. Pas même Séguin, qui a pourtant du talent mais ne pourra faire mieux que de lui mordre les mollets. 

La suite en décida autrement, mais l'ancien Premier ministre a aujourd'hui une occasion inespérée de réaliser cette prophétie. Candidat à la primaire de la droite pour 2016, il bénéficie de sondages flatteurs et veut croire en ses chances pour 2017. À Franz-Olivier Gisbert qui lui demande si se représenter aujourd'hui après "tout ce [qu'il a] déjà pris dans la gueule" ne relèverait pas du "masochisme", Alain Juppé répond par une liste de ses "atouts" en vue de la prochaine présidentielle : 

J'ai, disons, quelques atouts [sourire appuyé]. Je connais les angles d'attaque contre moi. Franchement, ça n'ira pas loin. D'abord, il y a l'âge, mais on reconnaîtra vite que j'ai aussi l'avantage de ce prétendu handicap : l'expérience [pour l'argumentaire complet d'Alain Juppé contre les critiques concernant son âge, c'est par ici]. Ensuite, il paraît que l'on s'interroge sur ma détermination et ma capacité à tenir le choc jusqu'au bout. Mais, si vous étudiez de près mon parcours, vous vérifierez que je ne suis pas du genre à lâcher l'affaire : je finis toujours ce que j'ai commencé. Et puis je vous rappelle que, sur vingt campagnes électorales, moi, je n'en ai perdu que deux !

[Bonus Track] Juppé, ce "romantique"

Autre "détour" de cet article du Point, petit passage sur les amours culturelles d'Alain Juppé. Ce dernier se livre étonnamment :

Je suis passé par tous les registres de la musique classique. Ado, j'étais très romantique : j'écoutais Beethoven en écrivant des poèmes et des lettres d'amour enflammées à celle qui deviendrait ma première épouse. Après, ce fut Mozart, puis Bach. Maintenant, c'est Verdi, dont j'aime entonner les grands airs. Mais j'ai une très grande souffrance [grimace de chagrin]. Ma femme, Isabelle, prétend que je chante faux.

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