Pour Julien Dray, être de gauche, c'est "permettre à tout le monde d'avoir une belle voiture" (ou une belle montre)

Publié à 11h18, le 14 décembre 2014 , Modifié à 14h34, le 19 décembre 2014

Pour Julien Dray, être de gauche, c'est "permettre à tout le monde d'avoir une belle voiture" (ou une belle montre)
Julien Dray © Capture d'écran i>Télé

Il était "un peu triste" que personne ne l'ait appelé pour le prévenir qu'il ne conduira pas la liste PS dans l'Essonne pour les élections régionales de 2015. Ce dimanche 14 décembre, invité du Grand Rendez-vous Europe 1 / i>Télé / Le Monde, Julien Dray est inquiet : "il y a urgence. La gauche se meurt."

Il peut être inquiet. Même la rue de Solférino ne prévoit pas d'embellies pour la gauche avant au moins 2017. L'ancien député socialiste explique son angoisse en se référant à l'histoire. La sienne et celle de la gauche. Il dit :

Je me suis engagé à l'âge de 15 ans. […] Ce que je ne veux pas, c'est que dans deux ans, le bilan de ma vie militante, ça soit d'aller convaincre des électeurs de gauche de voter Nicolas Sarkozy parce qu'il faudra faire barrage à Marine Le Pen. Et je dis que si c'est ça, alors ça veut dire qu'on sera revenu en 1957, où la SFIO a été obligée d'aller chercher le général de Gaulle pour faire la paix en Algérie, et elle l'a payé très cher dans l'histoire.

Voilà pour le constat. Mais Julien Dray ne se limite pas à une simple prévision des dégâts à venir. Il formule aussi des critiques bien senties à ceux qui, dans son propre camp, dénoncent la politique du gouvernement. Il fustige cette situation "incroyable" où "chacun distribue des brevets de gauche aux uns et aux autres". En filigrane, la polémique qui agite le PS sur le travail le dimanche. "Alors on est de gauche quand on est pour cinq dimanches [travaillés, NDLR] et on est de droite quand on est pour 12 dimanches ?" s'interroge-t-il. "Moi j'ai été député pendant 25 ans d'une circonscription dans laquelle il y avait une zone d'activité qui s'appelait la Croix Blanche et qui était ouverte tous les dimanches. Ça permettait aux banlieusards de s'organiser autrement", détaille le socialiste.

Puis Julien Dray s'emporte :

J'en ai assez d'une gauche qui ne sait plus être la gauche des libertés. J'en ai assez d'une gauche qui veut gérer la vie des gens et faire le bonheur des gens à la place des gens eux-mêmes. J'en ai assez de cette gauche des interdits, des envieux. Quand je suis de gauche, que je vois passer quelqu'un avec une belle voiture, mon objectif ce n'est pas de lui prendre cette belle voiture, mon objectif c'est de permettre à tout le monde d'avoir une belle voiture.  

Julien Dray parle de voiture mais il aurait aussi pu parler d'autres choses, lui le collectionneur de montres de luxe. Le socialiste l'admet lui-même : "Si vous avez envie de vous acheter une belle voiture, si vous avez envie de vous acheter d'autres choses - je vais vous faire rigoler, vous voyez à que je fais allusionc'est votre liberté".

Du coup, Julien Dray n'oublie pas de dénoncer les propos signés François Hollande en 2006 : "Oui, je n'aime pas les riches". "Moi j'ai pas de haine contre les riches. Mon rêve c'est que tout le monde puisse être riche", dit-il.

[BONUS TRACK] Macron vs. petits cochons

Derrière la loi sur le travail du dimanche, il y a le ministre de l'Économie. Attaqué, y compris dans son camp, Emmanuel Macron trouve un soutien en la personne de Julien Dray. Le socialiste l'exprime à sa manière :

Les petits cochons vont le manger, comme on dit. Moi je ne crois pas, parce que je pense qu'il est indigeste et je le connais, je sais qu'il est indigeste et il ne va pas se laisser faire. […] Il ne faut pas qu'il cède !

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