SOUTINE – Les mots de Marine Le Pen, mercredi 10 décembre sur BFMTV, ont surpris. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur l'usage de la torture par la CIA, la présidente du FN a estimé que la torture pouvait être parfois "utile". "Il peut y avoir des cas où quand une bombe doit exploser dans une heure ou dans deux heures et peut faire 200 ou 300 victimes civiles, il est utile de faire parler la personne pour savoir où est la bombe, avec les moyens qu'on peut", a dit la cheffe frontiste, déclenchant une vive polémique dans la sphère politique.
La présidente du FN peut néanmoins compter sur le soutien de Rachida Dati. Invitée de BFMTV ce jeudi 11 décembre, la maire UMP du VIIème arrondissement de Paris retient le démenti de l'élue FN. Elle déclare :
"Je vais vous dire, pourtant on ne partage pas du tout les mêmes idées, on se combat, mais je ne ferai pas comme la majorité : je ne vais pas l'accabler. Elle a précisé ses propos. Elle est avocate, elle n'est pas stupide. Elle a précisé ses propos. Effectivement elle dit 'avec les moyens qu'on peut', avec les moyens juridiques qui sont autorisés.
"
Dès mercredi 10 décembre, Marine Le Pen a effectivement nuancé ses propos tenus sur BFMTV. Dénonçant une "interprétation malveillante", l'eurodéputée FN a rectifié le tir, d'abord sur Twitter :
Interprétation malveillante. Face au terrorisme, pas d'angélisme. "Les moyens qu'on peut" : les moyens de la loi, évidemment pas la torture.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 10 Décembre 2014
Rebelote le soir même sur Questions d'info LCP / Le Monde / AFP / France-Info puis ce jeudi 11 décembre sur LCI. "Je suis opposée à la torture, c'est aussi clair que ça", a-t-elle assuré face à Guillaume Durand.
Rachida Dati, elle, ne fait donc pas dans l'"interprétation malveillante". Mieux, elle estime que Marine Le Pen est attaquée ainsi parce qu'elle est Marine Le Pen. Elle dit :
"J'ai trouvé que c'était trop facile hier de l'accabler alors qu'elle a précisé ses propos. Il y a des responsables politiques auxquels on accepte les précisions ou même les rectifications, puis il y en a d'autres pour qui on n'accepte pas. Et c'est vrai que Marine Le Pen, c'est un peu facile de pouvoir polémiquer avec elle. Elle a précisé ses propos dont acte : elle n'est pas favorable à la torture. Et tant mieux.
"
Ce n'est pas la première fois que Rachida Dati va à rebours de la majorité des politiques concernant l'élue frontiste. En juillet, sur LCI, elle avait reconnu que "l'opposition politique pour l'instant est incarnée par Marine Le Pen". En septembre, alors que la nouvelle ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem était prise pour cible, elle avait dénoncé, comme la présidente du FN, "les victimisations de circonstance".
Fin novembre, le vice-président du FN Florian Philippot avait loué les qualités de l'ancienne Garde des sceaux. "Depuis qu'elle n'est plus sous la coupe de Nicolas Sarkozy, elle s'est bonifiée politiquement", avait-il dit sur BFMTV.