Les Etats-Unis ont effectué leur grand déballage sur les actes de tortures proférées par la CIA. Un acte de transparence mais qui révèle l'inefficacité de la méthode. "Ils n’avaient plus le choix", estime Marine Le Pen, ce mercredi 10 décembre sur BFM TV.
Suite à la libération de Serge Lazarevic, la présidente du Front national est interrogée sur le fait de savoir si la torture, dans certains cas, peut être utilisée. Elle répond dans un premier temps, avec des pincettes :
"Oui… Oui, bien sûr. Ça a été utilisé dans l’histoire. On se souvient de ce débat. Je crois que les gens qui s’occupent des terroristes et de leur tirer des informations lorsque ces informations permettent de sauver des vies civiles, sont des gens qui sont responsables.
"
Relancée pour savoir si elle pense que dans certaines circonstances la torture peut être excusable, Marine Le Pen ne nie pas estimer qu’elle pouvait être utile. Voire nécessaire dans certains cas. Elle développe :
"Il peut y avoir des cas où quand une bombe doit exploser dans une heure ou dans deux heures et peut faire 200 ou 300 victimes civiles, il est utile de faire parler la personne pour savoir où est la bombe.
"
"Même sous la torture ?" insiste Jean-Jacques Bourdin. Et Marine Le Pen d’affirmer :
"Avec les moyens qu’on peut.
"
Donc en utilisant la torture. Des propos qui ont aussitôt fait réagir la ministre Laurence Rossignol.
Tranquilou MLP légitime la torture #leschiensfontpasdeschats#lafamillegégène#RMC
— laurence rossignol (@laurossignol) 10 Décembre 2014
En mars 2014, Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, avait voté, au Parlement européen, contre l'éradication de la torture . Avant d'assurer qu'il souhaitait, en réalité, s'abstenir. Le président d'honneur du FN, souvent accusé d'avoir pratiqué la torture durant la guerre d'Algérie, a toujours nié avoir été un tortionnaire. Il a en revanche déjà tenu des propos proches - bien que beaucoup plus radicaux - de ceux de sa fille.
Lors d'un débat organisé par "Les Amis du droit sur la justice en Algérie" en mai 1957, Jean-Marie Le Pen avait ainsi expliqué :
"S'il faut user de violences pour découvrir un nid de bombes, s'il faut torturer un homme pour en sauver cent, la torture est inévitable, et donc, dans les conditions anormales où l'on nous demande d'agir, elle est juste.
"
Une archive exhumée dans un témoignage de Roland Rappaport publié en juin 2002 dans Le Monde, selon un récit fait par l'intellectuel Pierre-Henri Simon en mai 1957, toujours dans Le Monde.
[Edit 10h30] Marine Le Pen parle "d'interprétation malveillante"
Quelques dizaines de minutes après son passage sur BFM TV, la présidente du parti d'extrême droite a tenté rectifier le tir. Elle assure ainsi qu'il s'agit d'une "interprétation malveillante" et précise :
Interprétation malveillante. Face au terrorisme, pas d'angélisme. "Les moyens qu'on peut" : les moyens de la loi, évidemment pas la torture.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 10 Décembre 2014
"Interprétation malveillante." C'est également en ces termes que Marine Le Pen avait expliqué les propos polémiques de Jean-Marie Le Pen sur la "fournée" d'artistes .
[Edit 12h] Marine Le Pen dément une nouvelle fois
Interrogée lors de l'émission Questions d'info LCP / Le Monde / AFP / France-Info, Marine Le Pen a encore dénoncé une mauvaise interprétation de ses propos. Voici ce qu'elle a dit :
"Cette déclaration a été mal interprétée ! La torture a été interdite en France. Les Américains ont fait fi des règles internationales ! Tout ceci est condamnable bien entendu ! On sait que ça existe et la France n’a pas recours à ces moyens et c’est très bien.
"
Et la présidente du FN de louer le "très performant" réseau de renseignement français. "Ce système fonctionne bien. On est à l’abris du risque terroriste", a-t-elle ajouté.