Malgré les presque trois millions de voix recueillies lors du premier tour des législatives, le Front national n’a fait élire que huit députés en juin dernier. Un nombre insuffisant pour créer un groupe à l’Assemblée nationale, le seuil étant fixé à 15. Mais selon Sébastien Chenu, le handicap du scrutin majoritaire pourrait être contourné en abaissant ce fameux seuil à dix. Ce que refuse de faire, accuse-t-il le 17 août , le président de l’Assemblée François de Rugy.
Contacté par le Lab, François de Rugy dit avoir "sursauté" à la découverte des propos du député frontiste. Il réfute cette accusation :
"Les élus du Front national ne m’ont jamais demandé de rendez-vous de rencontre ou quoi que ce soit. Marine Le Pen a dû m’écrire au début du mandat en me demandant d’abaisser le seuil du groupe à dix, et j’ai dit que ça relevait d’une réforme du règlement. Mais à ma connaissance, ils n’ont pas déposé de résolution pour réformer le règlement.
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François de Rugy estime que, ce faisant, Sébastien Chenu "rejette sur les autres les propres responsabilités" du FN : "Je vous rappelle que le Front national est passé de 21% à la présidentielle à 13% aux législatives". Et de sommer le parti d’extrême droite d’"arrêter avec le syndrome du complot et de la brimade".
Le titulaire du perchoir assure qu’il n’est pas opposé, par principe, à l’abaissement du seuil. "Si nombre de députés est réduit on pourrait envisager de revoir les seuils de constitution d’un groupe ça fait partie des chantiers", lance-t-il, mais "on ne fait pas de changement du règlement simplement pour faire plaisir à telle ou telle sensibilité par ailleurs incapable de s’entendre avec qui que ce soit d’autre". "C’est pas le président de l'assemblée qui décide tout seul !", rejette-t-il.
En attendant une réforme du règlement, François de Rugy propose aux députés frontistes d’utiliser d’autres canaux d’expression :
"Ils peuvent déposer autant d’amendements qu’ils veulent. Mais ils n’utilisent pas beaucoup ce droit… Je peux même vous dire que des députés Front national n’étaient pas là pour défendre leurs propres amendements, par exemple sur le fameux sujet des assistants parlementaires.
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Quant à savoir si les huit députés FN pourraient constituer un groupe si le seuil était abaissé à dix, François de Rugy croit savoir que, contrairement à ce qu’avance Sébastien Chenu, Nicolas Dupont-Aignan a dit "urbi et orbi qu’il n’irait pas".