RAGEQUIT – C’est une méthode étrange consistant à reprocher à celui qui nous donne la parole de ne pas nous la donner. Et pourtant, quitter un plateau télé reste un moyen chéri par certains politiques et, disons-le, toujours un peu spectaculaire. Ici Nicolas Dupont-Aignan et ses 12 millions de vues, là Jean-Frédéric Poisson .
Vendredi 18 août, c’est Alain Marsaud qui s’essaie à l’exercice. L’ancien député Les Républicains, battu dans sa circonscription (10e des Français de l’étranger) en juin dernier, est invité de BFMTV en sa qualité d’ex-chef de la lutte antiterroriste au parquet de Paris. Face aux deux journalistes présentateurs et à son contradicteur Anthony Bellanger (chroniqueur à France Inter) Alain Marsaud s’en prend au traitement médiatiques des deux attentats qui ont frappé la Catalogne jeudi et vendredi, et fait 13 morts et plus de 100 blessés. Il déclare :
"- Alain Marsaud : On n’a pas osé nommer l’ennemi. On n’a pas dit à un seul moment qu’il s’agissait de l’islamo-fascisme, que c’était l’islam intégriste qui motivait ce genre d’actions, comme si on avait peur de nommer l’ennemi. Je peux vous assurer que, si on a peur de nommer l’ennemi, on ne risque pas de gagner cette guerre. Que ce soient les journalistes, dans ce pays ou les responsables politiques, pas un seul en deux jours n’a dit qu’on était en présence d’attentat islamiste. Mais on a peur de quoi, bon sang ?
- Journaliste : Est-ce que les gouvernements doivent accentuer leurs efforts de coopération, de renseignement ?
- Alain Marsaud : Ma question, elle va vous gêner, monsieur. Mais j’insiste sur ce point-là. Personne ne parle d’islamisme radical ni d’islamo-fascisme. On dit que c’est l’État islamique qui revendique, point à la ligne.
"
Anthony Bellanger explique alors à Alain Marsaud que le travail des journalistes consiste d’abord en une vérification des faits, et non à "dire ce que vous voudriez" :
"Vous dites absolument n'importe quoi ! D'une part, tout le monde sait que ce sont des attentats islamistes. Et deuxièmement, les journalistes ne sont pas là pour dire ce qu'ils pensent ou ce qu'il veulent ou ce que vous voudriez. Ils sont là pour dire les choses telles qu’elles sont, au fur et à mesure où elles sont [confirmées]. Il y a suffisamment de victimes pour ne pas dire n’importe quoi. [...] Pour l’instant, vous pouvez dire si vous voulez qu’il s’agit d’un attentat islamiste, et c’est de toute façon le cas. Leur travail est de prendre des précautions avec la vérité et donc de dire qui a revendiqué, combien il y a de victimes et pas de dire ce que vous voudriez qu’ils disent.
"
S’en suit un long silence d’Alain Marsaud qui, plutôt que de répondre à son interlocuteur, choisit de quitter le plateau et d’accuser les journalistes de mal le "traiter" :
"Bon bah écoutez, vous continuerez le débat sans moi parce que, véritablement, si c’est pour me traiter comme ça, vous continuerez sans moi.
"
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