Denis Baupin est accusé, ce lundi 9 mai, d'harcèlement et d'agressions sexuelles, notamment par des élues qui parlent en "on" à France Inter et Mediapart. Depuis, plusieurs élus écolos ont expliqué avoir eu vent de certains agissements mais sans plus de détails. C'est le cas notamment de François de Rugy, lançant sur l'antenne de France Inter qu'il avait entendu parler de certaines chose mais n'avait "jamais eu à connaitre des faits de ce type".
Noël Mamère, sur BFMTV, évoquait pour sa part une forme d'omerta . "Peut-être parce que nous étions dans un parti relativement petit avec une forme d’entre soi ou il n’était pas question de le fragiliser", a reconnu le député de Gironde.
Et puis il y a Jean-Sébastien Herpin. L'élu EELV, secrétaire régional du parti pour le Centre, a publié lundi un long billet de blog dans lequel il raconte les bruits, les présages, les indices qui pouvaient laisser penser qu'un cadre du parti pouvait se rendre coupable d'harcèlement et d'agressions sexuelles.
Dès 2013, Jean-Sébastien Herpin raconte avoir été alerté par un ami militant du Nord qui s'indignait qu'il puisse "signer avec un violeur" une contribution pour congrès EELV. "Je ne savais pas, lui si. Cependant, je m’inquiétais, me renseignais en douce, de ci, de là et la 'rumeur' ne semblait plus en être une, mais aucun nom ne m’était donné, aucune preuve", raconte-t-il.
Petit à petit, raconte-t-il, il parvient à remonter le fil et à comprendre qui peut être accusé. Jusqu'à ce jour de février 2016 au cours duquel les élues concernées décident de parler. "Alors, en marge du dernier Conseil fédéral d’EELV, dans un café du 11ème, Patricia et Maryse avaient l’air grave quand, quittant un groupe de personnes, je les rejoignais. 'Elles vont le faire', me disent-elles. Tournant la tête vers le groupe de copines, je vois Elen, Sandrine, Dominique, Annie discuter dehors, heureuses de parler entre elles, comme presque… libérées", rapporte-t-il.
Jean-Sébastien Herpin s'en félicite aujourd'hui, tout en chargeant sans ménagement Denis Baupin. Il écrit :
"En faisant cela [en témoignant, ndlr], non seulement, elles aident chaque victime dans un processus de reconstruction, mais également les personnes paumées, les ami-es démuni-es qui apprennent qu’un ou une proche a vécu tel choc. Et, je l’espère, elles vont faire prendre conscience à Denis qu’il est malade, et que cela se traite, et cette phrase n’est pas méprisante.
"
Jean-Sébastien Herpin veut que cette affaire, quelles que soient les suites judiciaires, serve à briser l'omerta que beaucoup évoquent aujourd'hui. "Notre parti doit faire corps, on pourrait dire qu’il s’agit d’une affaire personnelle. Non, elle fut collective, dans nos gênes, nos silences. Si nous assumons collectivement, peut-être aiderons-nous d’autres partis à faire le même travail, car, j’en suis sûr, d’autres silences doivent exister, ailleurs", écrit-il.