Souvent Front national varie. Du moins lorsqu'un intérêt électoral est en jeu. Dimanche 23 avril, après l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle et la qualification de Marine Le Pen pour le second tour , certains membres du parti en étaient déjà à chercher de nouvelles voix, quitte à trahir les pensées passées.
Steeve Briois, par exemple, explique très sérieusement que certains, comme les participants de Nuit Debout, ne peuvent décemment pas voter pour Emmanuel Macron et qu'ils doivent donc, de fait, donner leur voix à Marine Le Pen. Interrogé par France Inter dimanche, le vice-président du FN, également maire d'Hénin-Beaumont, lance :
"Une autre partie des électeurs de [Jean-Luc] Mélenchon pourra voter pour nous parce que ce sont toutes ces personnes qui ont manifesté lors des 'Nuit Debout' ou autre qui ne voudront pas demain avoir [Emmanuel] Macron parce que Macron c'est l'ultra-libéralisme.
"
On notera que Steeve Briois parle avec une certaine neutralité des " personnes qui ont manifesté lors des 'Nuit Debout'", ce qui est pour le moins notable de sa part. Car il n'y a pas si longtemps, l'élu frontiste portait un regard plus que sévère.
En avril 2016, voici comment Steeve Briois parlait de Nuit Debout :
"La Nuit Debout au niveau national est anti-populaire et cela saute aux yeux de tous, malgré la complaisance de journalistes frustrés d’avoir un mai 68 de retard. Dans les faits, les classes populaires n’y sont pas, la diversité sociologique y est inexistante, l’esprit est clanique mais le narcissisme et le nombrilisme y sont bien présents : autant de choses qui font que les journalistes français et locaux peuvent s’identifier facilement.
"
Le maire d'Hénin-Beaumont s'interrogeait même sur le caractère démocratique du mouvement après qu'Alain Finkielkraut a été la cible de réprimandes , place de la République, à Paris, ou que "des casseurs de Nuit Debout", comme il les présentait ont empêché la tenue d'une conférence de Florian Philippot à l'ESCP.
À la même époque, Marion Maréchal-Le Pen présentait les participants comme des "militants d'extrême gauche" . "C'est un mouvement de jeunes lycéens étudiants qui se font plaisir, qui fument du pétard, qui défendent les 25 heures en durée légale du travail, qui cassent à l'occasion, qui défendent une soi-disant démocratie avec des assemblées générales et qui crachent sur Alain Finkielkraut lorsqu'il se rend à ce type d'événement", expliquait la députée FN en avril 2016, sur RTL.
Le parti de Marine Le Pen allait même jusqu'à réclamer la "dissolution" du mouvement , qu'il qualifiait de "centre opérationnel du saccage de Paris".