"J'ai échoué la première fois, ça ne veut pas dire que j'échouerai la deuxième". N'allez surtout pas croire que le New York Times, en citant Arnaud Montebourg à propos de la primaire pour l'élection présidentielle, a répété une confidence destinée à rester secrète. Non, ce n'était pas du off. Oui, Arnaud Montebourg a pour ambition de devenir président de la République.
C'est ce qu'il confirme à M, le magazine du Monde, qui lui consacre un portrait dans son édition en kiosques le 31 août. Arnaud Montebourg confie qu'il veut être président de la République. Sinon, il arrête la politique. Rien que ça :
J'en ai marre des élections, je ne me représenterai pas. Après le ministère, j'arrête la politique, en tout cas comme une carrière.
La présidentielle est la seule élection à laquelle j'envisage de me représenter un jour.
Matignon ? Il n'en fera rien, donc. Arnaud Montebourg se confie d'ailleurs sur ses relations avec l'actuel Premier ministre. Et assure avoir "engueulé" Jean-marc Ayrault après sa confirmation sur l'épisode du "tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes". Arnaud Montebourg :
Ce sont des propos privés, je ne les commente pas. Ayrault n'aurait jamais dû avouer que je lui avais dit ça, je l'ai engueulé d'ailleurs.
Jean-Marc Ayrault reste donc une cible de choix pour son ministre du Redressement productif, qui aime également épingler l'autre ministre de Bercy, Pierre Moscovici :
Il y a deux patrons à Bercy. On a reconstitué un ministère de l'industrie. Il ne faut pas laisser l'économie à la direction du Trésor, il faudra qu'il s'y fasse.
Si ses attaques à l'égard de ses collègues du gouvernement sont souvent sibyllines, Arnaud Montebourg ne prend aucune pincette avec Lakshmi Mittal, qu'il avait publiquement accusé de "mensonge" et de "chantage". Quitte à jouer les bagarreurs devant Le Monde:
Mittal, je lui en ai mis une; depuis, il fait moins le malin.
Ne pensez pas non plus qu'Arnaud Montebourg s'interdit l'usage des gros mots. Il adore ça. Ainsi, lors d'une réunion en présence de son conseiller diplomatique, il lâche, sûr de lui :
Bruxelles ? Des connards !
Arnaud Montebourg est comme ça: gouailleur, turbulent. Certains diront vulgaires. Et séducteur, également. Ainsi, le ministre du Redressement productif confie au Monde, coquin :
Je ne sais pas si je peux le dire, c'est un peu sexuel, mais parfois on m'appelle le ministre du 'dressement reproductif'.
Dans le même portrait que M lui consacre, on apprend que le ministre est régulièrement vu dans "les soirées branchées de la capitale, toujours entouré de jolies filles auxquelles il fait danser des rocks endiablés tels qu'ils se pratiquent dans les rallyes entre gens de bonnes familles".
La journée, il bosse. Et a compris qu'il ne pourrait plus s'affranchir de la solidarité gouvernementale. Et c'est tout ce que lui demande François Hollande, cité par Le Monde, qui ne date pas ces propos (le président de la République a rendu visite au journal cet été) :
Il n'y a d'immunité pour personne. Il y a une ligne gouvernementale, mais il n'est pas question d'autoriser qui que ce soit à s'en distraire ou à s'en dégager.
S'il est au gouvernement, c'est parce qu'il peut être utile par son tempérament et par son travail, mais il connaît la règle, qui n'est pas une règle de discipline, seulement une règle de cohérence.
Le psychodrame de Florange est derrière eux, donc. Mais il n'est surement pas oublié.