Lorsque les fondements de notre société sont attaqués par des terroristes islamistes, certains élus trouvent fort logique, pour nous protéger, de mettre à mal ces mêmes fondements. Il fallait entendre Éric Ciotti, Laurent Wauquiez ou encore David Douillet , expliquer après l'effroyable attentat de Nice que :
1) L'état de droit, ça va bien cinq minutes.
2) S'abriter derrière la Constitution pour rejeter des propositions de loi est lâche.
Nicolas Sarkozy avait pour sa part dénoncé des "arguties juridiques" qui, selon lui, nuisent à la lutte anti-terroriste. Le président par intérim de Les Républicains, Laurent Wauquiez, l'a encore répété ce jeudi 1er septembre dans Valeurs Actuelles. "Le renoncement, c'est le symptôme d'un pays en décadence. Il faut donc renverser la table. On considère que le regroupement familial n'est pas supportable et, pour l'interdire, il faut changer la Constitution ? Changeons la Constitution. On veut pouvoir interner les fiches S mais la CEDH [Cour européenne des droits de l'homme, NDLR] nous l'interdit ? C'est un traité. Au nom de quoi serait-il supérieur à la volonté de la nation française ? On veut reprendre la maîtrise de Schengen, mais ça suppose des adaptations dans les accords européens ? Changeons ces accords européens", explique-t-il.
Intéressons-nous à cette proposition formulée par plusieurs élus LR d'interner les personnes fichées S, que promeuvent plusieurs élus LR mais que rejette en bloc Marine Le Pen . Interrogé sur le sujet par Le Monde , ce vendredi 2 septembre, le procureur de la République de Paris François Molins se charge d'expliquer calmement aux élus de droite concernés pourquoi cette idée est parfaitement nulle.
Concernant le placement en rétention des fichés S, il dit :
"C’est absolument impossible. Il ne peut y avoir de détention préventive en dehors d’une procédure pénale. C’est le socle de l’état de droit. On ne peut pas détenir quelqu’un avant qu’il ait commis une infraction.
"
C'est donc, selon François Molins, "le socle de l'état de droit" que veulent briser Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez & cie.
En France, on n'emprisonne pas une personne parce qu'on la suspecte de quelque chose mais parce qu'elle a commis quelque chose. Nicolas Sarkozy, ancien avocat (et ancien président de la République et donc garant des institutions françaises) et Laurent Wauquiez, major de sa promotion de l'ENA, ne peuvent l'ignorer. Mais peut-être sont -ils prêts à certains renoncements...