CRICRI LA MENACE - Il a passé son week-end poitevin, lors du 77e congrès du PS, a joué l’opposition constructive. Actant l’existence de "deux gauches" au sein du PS, le frondeur Christian Paul n’a cessé d’appeler à un débat et un dialogue au sein du parti permettant de trouver un compromis sur la décriée loi Macron, qui revient cette semaine à l’Assemblée nationale.
Mais, en l’état actuel, le gouvernement ne semble pas prêt à céder une once de terrain à l’aile gauche de Solférino, au risque d’être contraint d’avoir une nouvelle fois recours au passage en force que constitue l’usage du 49-3. Pour le député de la Nièvre, le premier usage du 49-3 avait été le seul vrai "clash parlementaire" du quinquennat de François Hollande jusque-là. L’utiliser une nouvelle fois serait "un échec", explique-t-il au Figaro de ce mardi 9 juin. Il développe :
"Je pense que le 49-3, pour un gouvernement qui dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée, ce serait un nouvel échec. En première lecture, il y a eu une incroyable sortie de route de la part de l’exécutif. Je ne comprendrais pas une récidive.
"
Plusieurs personnalités de gauche ont déclaré, dans le même sens, leur opposition au 49-3. Le patron des députés radicaux, Roger-Gérard Schwartzenberg, a estimé que cette arme "d'exception" ne devait pas devenir "une arme de répétition". De son côté, Jean-Luc Mélenchon, accusant notamment Claude Bartolone, a évoqué "un viol du Parlement" devenu "banal" .
Christian Paul, en revanche, reste droit dans ses bottes et tant que le gouvernement ne fera pas de geste, il menace de voter contre le texte porté par le ministre de l’Economie. "Je n’ai aucune intention de me renier", affirme le leader de la fronde. Et de menacer :
"Je voterai contre ce texte et je ne serai pas le seul.
"
Un message adressé à ceux, dans la direction du PS et au gouvernement, qui affirmaient que la fronde parlementaire était finie. Pour Christian Paul, "ces voix qui s’élèvent devraient être entendues". Mais il semble douter que cela puisse être le cas de la part du Premier ministre. Avec qui il n’est pas des plus tendres. Il lance :
"Manuel Valls a de l’énergie, mais il ne sait ni écouter ni dialoguer avec quiconque pense différemment de lui.
"
Voilà qui ne devrait pas apaiser les tensions et motiver le Premier ministre à s’ouvrir aux revendications des frondeurs. L’image de "rassemblement" affichée, difficilement, lors du congrès de Poitiers, prend déjà un sacré coup.