FAUDRAIT SAVOIR - Qu'on se le dise : au niveau des batailles internes, le Front national est devenu un parti comme un autre. Et cela ne concerne pas seulement les bisbilles familiales entre Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen. Des attaques, volontaires ou non, illustrent aussi certaines tensions entre deux lignes. Même quand il s'agit d'attaquer l'ennemi UMP.
Ce lundi 27 avril, sur France 2, Florian Philippot attaque longtemps celui qui portera les couleurs de l'UMP face à Marion Maréchal-Le Pen lors des régionales en PACA : Christian Estrosi. L'angle est précis, le vice-président du FN dénonçant longuement les mots du député-maire de Nice. La veille sur France 3, l'ancien ministre de l'Industrie a considéré qu'il y avait en France des "cinquièmes colonnes" de "l'islamo-fascisme" qui "menacent la civilisation judéo-chrétienne". Et ça, Florian Philippot ne l'accepte pas. Il dit :
"Souvent l'outrance des mots cache la faiblesse de l'action. On n'a pas attendu monsieur Estrosi pour savoir que le fondamentalisme islamiste nous avait déclaré la guerre. […] Évidemment, monsieur Estrosi est dans l'outrance verbale pour des raisons électorales mais cache une inaction coupable parce que son parti, c'est le parti de l'immigration massive, c'est un parti qui a organisé le communautarisme et qui est extrêmement responsable de la situation actuelle.
"
Ou comment, en ciblant Christian Estrosi, Florian Philippot attaque l'UMP et Nicolas Sarkozy concernant son action menée en Libye contre Mouammar Kadhafi en 2011.
Sur France 3, le député-maire UMP de Nice a déclaré :
"C'est tous les Français d'ailleurs qui sont menacés. C'est la civilisation judéo-chrétienne dont nous sommes les héritiers qui est menacée. Ce sont également tous ceux qui appartiennent à d'autres religions, et je pense notamment à une immense majorité de musulmans de France qui aujourd'hui placent les lois de la République au-dessus des lois religieuses et qui viennent essayer de nous trouver en refuge parce qu'ils se sentent menacés par ce que j'appelle l'islamo-fascisme, qui a décidé, que ce soit dans l'État islamiste (sic), en Irak, en Syrie et ailleurs, mais aussi à travers les cinquièmes colonnes et ses réseaux infiltrés dans nos caves, dans nos garages, etc.
"
Ces mots ne vous rappellent rien ? L'eurodéputé FN Aymeric Chauprade se sent, pour sa part, carrément copié par Christian Estrosi. Et il a tenu à le faire savoir en postant, peu après le passage du député-maire de Nice sur France 3, un message sur Twitter :
@cestrosi merci d'arrêter de plagier mes vidéos ou bien versez moi des droits auteurs #coupercoller
— Aymeric Chauprade (@a_chauprade) 26 Avril 2015
Si l'ancien conseiller de Marine Le Pen pour les questions internationales s'estime plagié, c'est parce qu'en janvier dernier, il avait quasiment déclaré la même chose que Christian Estrosi dimanche 26 janvier. Dans une vidéo, Aymeric Chauprade avait dit :
"La France est en guerre avec des musulmans. Elle n'est pas en guerre avec les musulmans mais avec des musulmans. […] En France, avec 6 millions de musulmans – peut-être beaucoup plus d'ailleurs – cela représente entre 900.000 et 1,5 million de musulmans convaincus que l'oumma [communauté des musulmans, ndlr] est supérieure à leur appartenance à la nation française, convaincus que la Charia – la loi islamique - a vocation à se substituer à la loi française, convaincus que le Coran deviendra un jour leur constitution à la place de notre constitution. […] Une cinquième colonne puissante vit chez nous et à tout moment se retourner contre nous en cas de confrontation générale.
"
Autorisons-nous donc un sophisme : Florian Philippot considère que les mots de Christian Estrosi sont "outranciers". Or, Aymeric Chauprade a dit pratiquement la même chose en janvier. Donc Florian Philippot juge les propos d'Aymeric Chauprade outranciers. CQFD.
Évidemment, jamais le vice-président du FN n'évoque son collègue eurodéputé. À l'époque, Marine Le Pen avait demandé aux cadres de son parti de ne pas diffuser la vidéo d'Aymeric Chauprade et avait sanctionné l'eurodéputé en lui retirant la tête de la délégation FN au Parlement européen. La consigne de la cheffe frontiste n'avait pas été totalement respectée par… Marion Maréchal-Le Pen, qui avait relayé les mots de son collègue frontiste sur son compte Twitter personnel.