Dans l'hémicycle, Christian Jacob (LR) règle ses comptes avec Édouard Philippe après son discours de politique générale

Publié à 17h15, le 04 juillet 2017 , Modifié à 17h41, le 04 juillet 2017

Dans l'hémicycle, Christian Jacob (LR) règle ses comptes avec Édouard Philippe après son discours de politique générale
Christian Jacob à l'Assemblée, mardi 4 juillet 2017 © Montage le Lab via LCP

NI OUBLI NI PARDON - Il est le premier à avoir véritablement franchi la ligne : en acceptant de devenir Premier ministre d'Emmanuel Macron, l'élu LR Édouard Philippe a accéléré l'implosion de la droite déjà bien engagée durant la campagne présidentielle et plus encore après la défaite de François Fillon au premier tour. Une "trahison" que n'ont pas oublié les tenants de la droite traditionnelle, délibérément non "constructifs" par opposition à certains de leurs collègues. Et l'un des plus virulents à ce sujet est Christian Jacob. 

Le président du groupe LR à l'Assemblée s'est fait fort de le rappeler plus que sèchement, mardi 4 juillet. Prenant la parole après le discours de politique générale d'Édouard Philippe et celui du président du groupe LREM Richard Ferrand, le chef de file des députés de droite a dézingué ce chef de gouvernement issu de ses rangs mais désormais en marche, sous-entendant une traîtrise et l'accusant d'avoir fait perdre de nombreux candidats LR aux législatives :

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Monsieur le Premier ministre, l'heure est venue pour moi de saluer votre nomination, vous féliciter car je n'oublie pas que le jour qui précédait votre nomination, j'étais encore votre président de groupe. Alors ces félicitations auraient certes été plus spontanées, plus vives plus émues aussi, si vous n'aviez pas quitté votre famille politique dans ces conditions. Mais autres temps, autres mœurs...



Je voulais vous livrer cette vérité, monsieur le Premier ministre, parce que cela restera pour moi une vraie blessure. J'espère, mais je ne me fais pas beaucoup d'illusion, qu'en vous regardant dans la glace, il vous arrive de songer à vos anciens collègues dont votre nomination a contribué à la perte.

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Le député de Seine-et-Marne est ensuite revenu sur les événements hautement polémiques de la semaine passée à l'Assemblée, quand le constructif Thierry Solère (lui aussi LR d'origine) a manœuvré de concert avec LREM pour chiper à Éric Ciotti le poste de questeur traditionnellement réservé à l'opposition : "Vous rêviez d'avoir votre groupe parlementaire charnière ; il n'existe pas. Vous n'avez guère qu'une petite partie d'un petit groupe - petit d'ailleurs à tous points de vue."

"Nous sommes là et bien là, fiers pour incarner une opposition républicaine, solide, libre et exigeante", a poursuivi Christian Jacob, se félicitant de "l'échec" d'Édouard Philippe à concrétiser un autre "objectif", à savoir "casser la droite française". Des propos guidés par la "seule aigreur", a réagi la porte-parole du groupe LREM Aurore Bergé (elle aussi ancienne élue LR) :

Dans ces conditions, personne ne sera surpris d'apprendre que le groupe LR "ne votera pas la confiance" au gouvernement, comme l'a annoncé Christian Jacob. Mais ces termes laissent la porte ouverte à l'abstention, un vote bien moins radical que le bulletin "contre" et qui pourrait avoir les faveurs d'une majorité des députés de droite :

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[BONUS TRACK] Touche pas à mon immunité

Christian Jacob a aussi profité de cette tribune pour s'opposer à une éventuelle suppression de l'immunité parlementaire, proposée par Thierry Solère et à laquelle le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner ne s'est pas opposé. Le patron des députés LR a vigoureusement défendu ce régime protecteur : 

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Nous dirons aussi attention à la mise en cause de l’immunité parlementaire.L’immunité, elle est indissoluble de notre statut. Pas depuis 1958 mais depuis la Révolution française, lorsque Mirabeau a posé le principe intangible de la protection des députés contre le pouvoir autoritaire. Toutes les constitutions républicaines depuis 1791 ont  veillé à garantir la protection qui est aussi la garantie de l’indépendance des députés. La France moderne a besoin d’un Parlement fort et respecté. Elle a besoin de parlementaires libres et protégés.

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