SÉMANTIQUE - Florian Philippot ne se remet toujours pas de l'évacuation, mercredi 3 août, de l'église Sainte-Rita , à Paris. Il a beau avoir été démontré que cette évacuation a été instrumentalisée par une frange de l'extrême droite catholique , le vice-président du Front national parle toujours "d'indécence" et se dit choqué. Peu importe que le lieu ait été squatté de manière illégale et que l'évacuation ait été demandée par une association catholique, l'élu frontiste voit surtout dans cette opération de police une manière, un peu plus d'une semaine après l'attentat perpétré à Saint-Étienne-du-Rouvray, de faire de la bonne vieille tambouille politicienne.
Comme d'autres élus mercredi, le n°2 du FN s'étonne ce jeudi sur RMC qu'il n'y ait pas, selon lui, "la même détermination, cette fermeté, non pas dans de paisibles églises qui n'ont rien demandé à personne mais dans cette centaine de mosquées terroristes qu'on devrait fermer rapidement". Car, dans son esprit, l'évacuation d'un lieu privé et la lutte contre le terrorisme islamique doivent être liés… Il n'est d'ailleurs pas le seul, dans la classe politique, à avoir fait ce rapprochement .
Mais revenons plus en détail sur les propos de Florian Philippot. Vous l'aurez noté : l'élu frontiste ne vise pas les mosquées salafistes mais "les mosquées terroristes". Une évolution lexicale qui ne doit rien au hasard, le n°2 du FN répétant ce terme à plusieurs reprises. Interrogé sur cette utilisation, il répond :
"Des mosquées radicales. Il faut appeler les choses par leur nom : des mosquées terroristes, c'est-à-dire des foyers potentiels du terrorisme islamique qui pourrait toucher demain notre pays une nouvelle fois.
"
L'élu FN répète que "la priorité aujourd'hui c'est de fermer ces mosquées terroristes, ces mosquées radicales". Et quand on lui fait remarquer que l'évacuation de l'église Saint-Rita découlait d'une décision de justice et était prévue depuis octobre 2015, il en revient toujours à parler de mosquées.
Et c'est avec le même argument que l'eurodéputé élude la présence à Sainte-Rita, mercredi matin et de manière préparée, des membres du groupuscule d'extrême droite Action française et autres personnes sympathiques. Florian Philippot déclare :
"Qu'il y ait des groupes ou des groupuscules, probablement. Mais ces gens-là au moins ne vont pas égorger des gens dans d'autres lieux de culte. Ces gens-là ne posent de problèmes à personne. Ils ont leur propre foi, leur propre culte, leur propre rite, très bien. Ce ne sont pas ceux qui sont partagés par la majorité des Français mais ils ont le droit d'exister.
"
On peut donc résumer la pensée de Florian Philippot ce jeudi 4 août ainsi : oui, il peut y avoir des débordements, y compris de la part de l'extrême droite ; oui certains peuvent ne pas respecter la loi. Mais enfin quand même, tout cela est tout de même moins grave qu'un attentat. Un argument effectivement imparable.
En tant qu'auditeur cependant, on ne peut s'empêcher d'être un peu perdu. Car quelques minutes plus tard, Florian Philippot assure que "l'État français doit faire respecter la loi, point barre". On ne sait donc que penser...
Concernant le sujet précis de la lutte contre le terrorisme, Florian Philippot n'est pas un très grand adepte de la subtilité, même si cela l'amène parfois à dire des sottises. Comme en avril 2015 lorsque, sur le plateau d'iTÉLÉ, il expliquait que "s'il est vrai que toutes les mosquées ne sont pas des lieux de radicalisation, 100% des lieux de radicalisation sont des mosquées ". Une analyse qui, selon plusieurs spécialistes, est fausse…