Question : comment faire campagne pour les régionales quand le principal sujet d'actualité est la sécurité – et que ce domaine ne relève pas de la compétence de la région ? Florian Philippot a une réponse toute simple. Il suffit de faire des propositions qui n'ont pas grand-chose à voir avec le thème abordé mais qui, par le jeu des amalgames, peuvent trouver une résonance.
C'est ce qu'il a fait ce jeudi 3 décembre, lors de la présentation de ses propositions pour la politique des lycées. Après avoir énuméré le nombre d'établissements que compte la région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne – preuve que s'il n'habite pas le coin , Florian Philippot sait au moins faire des fiches – le chef de file du FN dans la région Grand Est aborde donc le sujet de la sécurité. Et, évidemment, trois semaines après les attentats de Paris et de Saint-Denis, il est question de radicalisation islamiste.
Le n°2 du FN reconnaît en préambule que "bien sûr la région ne peut pas tout faire, loin de là". Mais quand même, "elle a sa part à prendre et elle peut prendre sa part".
Concrètement, voici la première proposition formulée par Florian Philippot pour lutter dans sa région contre "le communautarisme, les violences et la radicalisation islamiste" :
"Dès que c'est techniquement possible, et il faudra que ce soit le plus largement techniquement possible très vite, faire le choix de viandes issues de l'abattage non rituel dans les cantines, et non pas de l'abattage rituel. D'abord pour respecter la laïcité et ensuite pour lutter contre la souffrance animale.
"
À voir en vidéo ci-dessous à partir de 6'00 :
Voilà. La première proposition formulée par Florian Philippot pour lutter contre, on le rappelle, "le communautarisme, les violences et la radicalisation islamiste" concerne donc la viande halal dans les cantines.
Du coup, Florian Philippot se contredit un peu lui-même. En avril 2015, il disait ceci sur iTÉLÉ :
"S'il est vrai que toutes les mosquées ne sont pas des lieux de radicalisation, 100% des lieux de radicalisation sont des mosquées.
"
Du coup, soit les lycéens d'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne vont déjeuner dans les mosquées et se radicalisent tout en mangeant de la viande halal. Soit le n°2 du FN a changé d'avis et ne considère plus aujourd'hui que "100% des lieux de radicalisation sont des mosquées" ...
Florian Philippot a d'autres idées dans sa besace frontiste. Pour lutter contre l'insécurité dans les lycées et aux abords, la tête de liste FN propose par exemple d'"encourager le développement de caméras de vidéo-protection, de dispositifs anti-intrusion, de portiques de sécurité".
Et pour la radicalisation islamiste, outre la lutte contre la viande halal, Florian Philippot propose de former les 5.545 personnels des lycées dépendant de la région "à reconnaître, à signaler les élèves qui présentent des signes de radicalisation aux autorités compétentes". Il souhaite aussi étendre à l'ensemble de la région le système de carte lycéenne et l'utiliser "pour des questions d'identification et de sécurité".
Enfin, il s'oppose une nouvelle fois à ce que l'islam puisse intégrer le Concordat d'Alsace-Moselle et à ce que la religion musulmane puisse être enseigné dans les lyces d'Alsace-Moselle. Le n°2 du FN avait déjà formulé cette idée début novembre . "L’extension de ce régime dérogatoire des cultes à une autre religion serait une atteinte tant à la laïcité de la République qu’à la mémoire de ceux qui ont toujours montré leur attachement à la France", avait-il expliqué, oubliant un peu vite que le régime concordataire en Alsace-Moselle est déjà une exception au principe de laïcité et à la séparation de l'Eglise et de l'État…