Olivier Dussopt a donc franchi le Rubicon. Il est devenu, vendredi 24 novembre, ministre d’Emmanuel Macron. Un choix salué par Manuel Valls (député apparenté LREM) dont il est proche mais très critiqué au sein du PS dont Olivier Dussopt était encore membre la semaine dernière. Il avait même, comme le reste de son groupe, voté contre le budget. Mais il y a eu une réaction *un peu * étonnante : celle de Didier Guillaume. Le sénateur PS, patron du groupe socialiste a… félicité le nouveau ministre :
Félicitations à @olivierdussopt qui est un élu de terrain de grande qualité. Profondément de gauche il apportera son expérience au @gouvernementFR. C'est un grand défenseur des services publics et de la fonction publique.
— Didier GUILLAUME (@dguillaume26) November 24, 2017
Des félicitations incompréhensibles pour de nombreux socialistes dont François Kalfon. Invité de Sud radio ce 27 novembre, ce membre de la direction provisoire du parti explique que Didier Guillaume ne peut plus rester à la tête du groupe au palais du Luxembourg. Il analysé :
"Ça pose un problème parce qu’il a été élu président de groupe avec l’idée que son groupe était dans l’opposition donc j’invite Didier Guillaume à suivre sa propre cohérence politique. Ce n’est pas la première fois. Voilà. En même temps, il n’a pas suivi, dans le micro parti de Manuel Valls, Manuel Valls lui-même, dont il a dirigé la campagne mais plus sérieusement, s’il a un problème d’identité politique, il peut le régler d’une façon différente.
"
Il insiste :
"Il a un problème de cohérence, très nettement, qui a été soulevé par de nombreux socialistes. Je ne vois pas comment on peut se maintenir président du groupe socialiste au Sénat - qui a voté une résolution en signifiant que ce groupe était dans l’opposition- et se maintenir comme président en répandant sur Twitter, des tweets qui sont en contradiction avec la déclaration politique.
"
Depuis le message, et pendant tour le week-end, des élus et militants ont twitté leur colère.
Incompréhension face à ce tweet de @dguillaume26... Comment peut-on être "profondément de gauche" et rejoindre un @gouvernementFR qui suprime l' #ISF et démolit les budgets du logement et du ministère du travail ? https://t.co/6G3S2v74cp
— Sophie Taillé-Polian (@STaillePolian) November 24, 2017
@dguillaume26 je crois que vous vous êtes trompé de présidence de groupe... sinon il faudrait que le @partisocialiste vous le rappelle... non ? https://t.co/wBxtKcYCOb
— Schweitzer Cleo (@cleoschweitzer) November 26, 2017
L’élection de Didier Guillaume à la tête des sénateurs socialistes avait, en septembre déjà, embarrassé de nombreux socialistes qui le trouvaient trop Macron-compatible.
[Edit 9h40] Pour Didier Guillaume, c'est au bureau national du PS de décider
Didier Guillaume, invité de LCP ce 27 novembre, s'est défendu. Il est revenu sur la polémique :
"Il y a une polémique qui a enflammé les réseaux sociaux, surtout dans la sphère parisienne. Olivier Dussopt est un ami. Un ami depuis plus de 20 ans. Il entre au gouvernement. Il est de gauche ? Oui. Je lui souhaite bon courage. Je serai d’accord parfois avec ce qu’il fera, en désaccord parfois avec ce qu’il fera dans ce gouvernement. Mais moi je ne considère pas que Jean-Yves le Drian est un traître, qu’Olivier Dussopt est un traître.
"
Il s'indigne :
"Olivier Dussopt serait un traître ? Et les autres ? Les frondeurs qui ont déposé une motion de censure contre François Hollande, qui sont maintenant en train de donner des brevets à la gauche ? (...) Il y a eu ce week-end… J’ai reçu sur la figure des tombereaux de boue et d'insultes notamment d‘anciens députés frondeurs qui n’ont d’ailleurs pas été réélus aux dernières législatives. Il faudrait me tondre à la Libération ? C’est quoi ? C’est ça la fraternité ? C’est ça les idées de gauche ?
Les socialistes n’ont pas interrogé les militants. La ligne du parti sera prise au prochain congrès. Moi je suis dans la ligne du PS sans aucun problème. J’ai entendu un certain nombre de responsables politiques qui veulent m’exclure. Je ne sais pas ce que fera le parti socialiste mais moi je veux dire très clairement au bureau national du PS de demain soir de prendre leurs responsabilités. Si le bureau national du PS pense que (...) je ne dois pas rester président du groupe, je prendrai mes responsabilités. (…) Sans cela, le débat est clos.
"
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