Hollande sur France Culture vs Valls sur Europe 1 : le partage des tâches de l'exécutif en plein conflit social

Publié à 11h27, le 24 mai 2016 , Modifié à 12h14, le 24 mai 2016

Hollande sur France Culture vs Valls sur Europe 1 : le partage des tâches de l'exécutif en plein conflit social
François Hollande et Manuel Valls, respectviement sur France Culture et Europe 1 mardi 24 mai 2016 © Montage Le Lab via captures d'écran

CHACUN SON BOULOT - La division fonctionnelle du travail politique par l'exemple. Mardi 24 mai au matin, en plein conflit social autour de la loi Travail, François Hollande et Manuel Valls se sont livrés à un exercice de partage des tâches bien défini.

8h18 : le Premier ministre est en interview face à Jean-Pierre Elkabbach dans la matinale d'Europe 1 ; il en profite pour aller à la confrontation avec la CGT. 9 heures : le président de la République est l'invité de l'émission La fabrique de l'histoire sur France Culture ; il parle devoir de mémoire, histoire, grandeur de la France, patriotisme.

Le message est clair : pendant que le chef du gouvernement met les mains dans le cambouis (y compris depuis Israël où il est en déplacement diplomatique), le chef de l'État, lui, prend de la hauteur et du recul, s'éloignant de "l'écume" de l'actualité quotidienne (tout en affirmant qu'il n'est pas pour autant sourd ou aveugle à "ce qu'il se passe dans le pays").

# Hollande l'historien

Une heure durant pour cette émission prévue de longue date, François Hollande parle des grandes figures de l'histoire de France (citant Henri IV, Saint-Louis, Vercingétorix, De Gaulle ou encore Jaurès), évoque le devoir de mémoire notamment au sujet de la guerre d'Algérie ("J’ai voulu réconcilier les mémoires. Il faut parler de tout pour qu’on puisse vivre ensemble"), développe une certaine idée de la France ("Dans le contexte mondialisé, la France reste une idée qui pour beaucoup de peuples est mobilisatrice. [...] La France n’a pas le droit d’être petite, mesquine, crispée, de douter d’elle-même"), vante le patriotisme par opposition au nationalisme ("La patrie, c’est ce qui permet de s’adresser au monde. C'est une appartenance commune qui fait que nous n’avons peur de rien, que nous pouvons nous élever au-delà de nous-mêmes. Cela n'a rien à voir avec le nationalisme, qui est étriqué, revanchard"), et s'exprime sur les commémorations de la bataille de Verdun à venir ce dimanche...

Bref : une intervention bien déconnectée des grèves et autres blocages de raffineries en cours dans le pays. Mais pas totalement non plus. "Nous ne sommes pas du tout dans ces circonstances", a balayé le Président, interrogé sur un parallèle entre la situation sociale actuelle et Mai 68. L'occasion pour lui, aussi, de faire connaître succinctement sa position sur le conflit en cours autour du projet de loi El Khomri, dans une attaque modérée mais claire contre la CGT, déplorant "un blocage fondé sur une stratégie portée uniquement par une minorité".

Il y avait une semaine tout pile que François Hollande ne s'était pas exprimé sur ce sujet. Ces derniers jours, il a très clairement et délibérément laissé ses ministres, et notamment le Premier d'entre eux, faire le job sur la loi Travail. Et le même de théoriser longuement, sur France Culture, ce choix de communication qui est le sien :

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Il y a l'impression que l'on donne de manière fugace, volatile, dans le traitement de l'actualité du jour, de l'anecdote racontée, de la polémique introduite dans les circonstances, du jugement rapide sur la situation. Ça, c'est ce qui est, j'allais dire, dans l'écume - et qui bien sûr, dans le système politique, compte. L'écume, c'est ce que l'on voit d'abord.



Et puis il y a la profondeur. Il y a ce qui va être le sens même d'une action, la trace que l'on va peut-être, je l'espère, découvrir plus tôt que dans 40 ou 50 ans [rire]. Mais c'est ce qui est l'essentiel de l'action. L'action, elle n'est pas fondée, comme souvent on le croit, simplement par la communication, l'impression donnée, le coup politique que l'on peut porter, le calcul que l'on peut faire. Non ! Ce qui est le plus important comme chef d'État - en tout cas moi c'est ce qui m'anime, m'habite presque - c'est : qu'est-ce que j'aurais laissé comme trace, qu'est-ce qu'un autre n'aurait pas pu faire et que j'ai entrepris ?

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Et pendant ce temps...

# Valls le combattant

Quelques minutes plus tôt donc, son bras droit était pour sa part bien loin de cette élévation. En plein dans le présent et "l'actualité quotidienne". S'en prenant sans ménagement à la CGT, Manuel Valls a ainsi de nouveau joué la fermeté :

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L'idée d'un conflit frontal, c'est vieux, c'est ancien, c'est conservateur. Prendre ainsi en otage les consommateurs, notre économie, notre industrie, continuer des actions qui visent à faire retirer le texte, mais ça n'est pas démocratique.



D'une certaine manière, ça suffit, Jean-Pierre Elkabbach. C'est insupportable de voir les choses ainsi et je le dis à la fois sereinement, calmement mais avec détermination. Et c'est pour ça que la CGT trouvera une réponse extrêmement ferme, nette, de la part du gouvernement.

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L'exécutif français dispose de "deux têtes" : en l'occurrence, l'une est occupée à gérer le présent, l'autre à "faire l'histoire", pour reprendre les mots de François Hollande.



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