C'était l'un des moments forts de la séance de questions au gouvernement, mardi 19 décembre, à l'Assemblée nationale. La députée La République en marche Sonia Krimi a pris la parole et a interrogé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur le durcissement de la politique d'immigration en France . Et elle ne l'a pas fait tranquillement. "Les centres de rétention deviennent des centres de détention et sont indignes de notre République. Le traitement du séjour irrégulier en France est devenu une angoisse pour les étrangers, les associations, les forces de police, les préfectures et les avocats", a-t-elle lancé, sous les applaudissements des députés de… La France insoumise .
Un instant isolé par LCP, à voir en vidéo ci-dessous :
"Les centres de rétention deviennent des centres de détention !" : @Sonia_Krimi (LREM) interpelle le gouvernement sur sa future loi sur l'asile et l'immigration. #DirectAN QAG pic.twitter.com/dGoVtJmMhZ
— LCP (@LCP) 19 décembre 2017
La virulence de Sonia Krimi témoignerait des tensions qui existent déjà au sein de la majorité concernant le projet de loi sur l'immigration , projet de loi qui doit être présenté par le gouvernement d'ici quelques semaines. Certains députés LREM semblent déjà opposés à un durcissement de la législation. "Le manque d’intégration des réfugiés est le vrai scandale… Notre politique d’intégration n’est pas au niveau d’une grande nation", dénonçait par exemple le député de Paris Stanislas Guerini, le 11 décembre, dans le journal L’Opinion.
Sauf qu'après avoir été franchement virulente avec le gouvernement, la députée Sonia Krimi a bien changé de ton. Sur le plateau de C à vous, sur France 5 mardi soir, la députée LREM de la Manche a nié tout début de fronde. "C'était un rappel à tout ce que nous avons promis durant notre campagne, a-t-elle commenté. On a promis d'avoir une réforme digne, sans préjugé, sans fantasme." Puis, parlant plus spécifiquement des contrôles effectués dans les centres d'hébergement, elle a ajouté :
"Il ne s'agit pas du tout d'écraser des vies. Il s'agit de comprendre.
"
Sonia Krimi a également nié tout durcissement de la politique d'immigration en France. "On ne va pas renvoyer des personnes dans des pays où on sait très bien qu'elles vont être retenues dans des prisons ou autre. On vérifie. Moi je fais confiance à cette administration française qui regarde de près chaque demandeur d'asile", a-t-elle déclaré. Le changement de ton est : flagrant.
Un peu plus tôt, au micro du Huffington Post , Sonia Krimi avait déjà été beaucoup plus aimable envers le gouvernement. "Je ne suis pas particulièrement inquiète, je souhaitais juste préciser... Depuis la campagne d'Emmanuel Macron, on était très clair sur le sujet. Alors j'exprime aujourd'hui une voix de majorité", avait-elle nuancé. "La réalité du terrain est complexe. Moi je suis toujours étonnée de voir tous ces gens qui ont un avis blanc ou noir", a poursuivi l'élue normande, ajoutant :
"Si on ne parle pas aujourd'hui de ces problèmes, si on ne remet pas tout en place, on va se retrouver avec un FN qui s'approprie tous ces sujets. Donc il s'agit aujourd'hui de poser le décor. C'était important de rappeler sur quels principes on s'est engagé, dignes, sans préjugé, respectueux et justes, parce qu'on est le pays des droits de l'Homme. [...] Mais on ne va pas commencer à critiquer une réforme qui n'est pas sortie.
"
À voir ci-dessous en vidéo :
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