"Invasions barbares" : Marion Maréchal-Le Pen justifie la comparaison de Marine Le Pen par une référence au "grand remplacement"

Publié à 10h46, le 16 septembre 2015 , Modifié à 10h52, le 16 septembre 2015

"Invasions barbares" : Marion Maréchal-Le Pen justifie la comparaison de Marine Le Pen par une référence au "grand remplacement"
Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

RHÉTORIQUE - Ou quand Marion Maréchal-Le Pen justifie une argumentation de Marine Le Pen en faisant appel à une théorie réfutée par Marine Le Pen. La première explique ainsi, mercredi 16 septembre, que la référence de la seconde aux "invasions barbares" est tout à fait cohérente, en s'appuyant sur la théorie du "grand remplacement". Or, cette idée avancée par l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus est publiquement battue en brèche par la présidente du FN.

Reprenons.

# La référence aux invasions barbares

Marine Le Pen a fait une sortie remarquée en meeting lundi 14 septembre, en comparant l’arrivée actuelle de réfugiés en Europe aux invasions barbares du IVe siècle, qui ont entraîné la chute de l'Empire romain.

Elle a expliqué :

 

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Sans nulle action de la part du peuple français, l'invasion migratoire que nous subissons n'aura rien à envier à celle du IVe siècle et aura peut-être les mêmes conséquences.

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Elle a encore jugé que le cadre de vie de chaque Français était "menacé clairement (...) puisque dans le plus petit village de France, ils envisagent aujourd'hui d'implanter, sans demander votre avis, l'immigration clandestine."

# La justification made in Marion Le Pen

Ce mercredi sur Sud Radio, la plus jeune des Le Pen est donc interrogée sur ces propos. "Elle a en effet comparé l'invasion du IVe siècle avec ce qui peut se passer aujourd'hui", ce qui n'est "pas tout à fait hasardeux" selon Marion Maréchal-le Pen, "puisque ça a quand même entraîné un basculement de civilisation et des conséquences sociales très importantes".

Et la députée du Vaucluse de valider plus encore cette référence, en évoquant à mots à peine couverts le fameux "grand remplacement". Voici le raisonnement qui l'y conduit :

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Ça n'est pas une horde armée, mais en revanche si vous voulez, force est de constater, et moi je le vois en particulier dans ma région, que l'immigration aujourd'hui, dans les proportions dans lesquelles elle est accuillie, entraîne des conséquences sociales, économiques, sécuritaires qui doivent être prises en compte. Aujourd'hui, on voit même un phénomène de désassimilation de Français qui sont nés en France depuis 2, 3, 4 générations et qui se sentent de moins en moins français, voire qui méprisent totalement notre pays. [...] Nous sommes aussi un peuple, un peuple qui est héritier d'une histoire, d'une civilisation. Lorsque l'on change ce peuple, eh bien on change avec tout ce qui fait sa spécificité.



Or maintenant, aujourd'hui, nous assistons - et je le dis clairement - dans certaines parties du territoire, à un remplacement de population, et donc à un remplacement de culture qui créé des tensions extrêmement fortes et qui n'est pas souhaitable pour le bien-être de nos concitoyens.

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Entendre la petite-fille de Jean-Marie Le Pen développer ainsi cet argumentaire n'est pas une surprise. Elle a déjà à de nombreuses reprises faite sienne ce concept, expliquant être "très à l'aise avec ça".

Problème : ce n'est pas du tout le cas de Marine Le Pen.

# L'opposition de Marine Le Pen à la théorie du "grand remplacement"

Début novembre 2014, la présidente du parti d'extrême droite avait clairement disqualifié l'idée de Renaud Camus :

 

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Le concept de grand remplacement suppose un plan établi. Je ne participe pas de cette vision complotiste.

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La question divise d'ailleurs le FN. Outre Marion Maréchal-Le Pen, d'autres figures frontistes défendent cette théorie : Jean-Marie Le Pen, Aymeric Chauprade, Philippe Martel (ex-chef de cabinet de Marine Le Pen) et, de manière plus alambiquée, Gilbert Collard.

# La justification made in Marine Le Pen

Sur France Inter mardi, la cheffe frontiste a pour sa part défendu sa référence aux "invasions du IVème siècle" comme suit :

 

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J'ai dit - je n'ai pas d'ailleurs comparé - que nous pourrions assister dans les années qui viennent à l'équivalent des invasions vécues au IVe siècle, c'est-à-dire ces gigantesques mouvements migratoires, qui n'étaient pas en réalité des invasions au départ, mais qui étaient des installations. Voilà. Et je pense que gouverner c'est prévoir.

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Elle n'évoque nullement le "remplacement" d'un peuple par un autre mais avance l'idée de "mouvements migratoires" qui sont en réalité des phénomènes "d'installation". L'idée de risque présenté par l'arrivée et l'installation dans la durée d'un peuple différent est donc tout de même là. Les mots ne sont tout simplement pas les mêmes... 

Notons enfin que, depuis son discours de clôture des universités d'été du FN, Marine Le Pen a nettement (re)durci son discours sur l'immigration



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