PROFONDÉMENT PAS CHOQUÉ - Il n'est peut-être pas le seul responsable politique à ne pas être choqué. Mais il est l'un des très rares à le dire publiquement. Le député LR Thierry Solère, qui fait partie de ces élus de droite désireux d'être "constructifs" vis-à-vis d'Emmanuel Macron et de sa politique, explique ainsi que contrairement à l'immense majorité de la classe politique (mais pas que), lui n'est "pas choqué" par la *blague* trèèèèès limite d'Emmanuel Macron sur les kwassa-kwassas, ces petits canots de pêche qui "amènent du Comorien" à Mayotte, dixit les mots du Président.
Même l'Élysée a reconnu, auprès du Lab samedi 3 juin, une "plaisanterie pas très heureuse", "malvenue" et "complètement regrettable" sur "un sujet grave". Il faut dire que des milliers de migrants comoriens sont morts ces dernières années en tentant cette traversée risquée vers l'île française de l'océan Indien. Mais sur Radio J ce dimanche, le député des Haut-de-Seine refuse de condamner ce trait d'esprit plus que douteux du chef de l'État... au nom des difficultés que traverse le pays et donc d'enjeux qu'il juge plus importants. Voici le long échange entre Thierry Solère et le journaliste Frédéric Haziza :
"- Journaliste : Est-ce que ça vous a choqué ?
- Thierry Solère : Premièrement, non.
- Journaliste : Pourquoi ça vous a pas choqué ?
- Thierry Solère : Alors, parce que j'ai conscience de l'état de mon pays. Et moi je n'ai pas du tout l'intention de passer une minute du prochain quinquennat à faire autre chose que prendre des mesures. Alors qu'il y ait des polémiques...
- Journaliste : Vous avez entendu que François Baroin l'a critiqué, la gauche l'a critiqué.
- Thierry Solère : Qu'il y ait des polémiques ou des polémistes, on est en démocratie, on a le droit. Moi je suis député, la seule chose qui m'importe, c'est que mon pays se redresse. Et donc je ne veux pas, à chaque fois qu'il y a la petite phrase, le petit truc, être le commentateur du commentateur, pour rajouter des polémiques à la polémique. La seule chose qui m'importe, c'est que mon pays se redresse. Ça va pas bien en France, y'a du terrorisme, y'a de l'insécurité, y'a du chômage de masse, y'a de la pauvreté, y'a des mesures à prendre d'urgence, on a connu une année électorale chaotique, aujourd'hui on a un président élu, il s'appelle Emmanuel Macron, on a un Premier ministre, y'a une législative [sic] dans 10 jours [...]
- Journaliste : Mais cette polémique kwassa-kwassa, c'est rien ?
- Thierry Solère : Bah que les polémistes polémiquent. En tout cas, y'a pas de commentaire de ma part sur ces sujets, je préfère vous parler de la réalité de ce qui se passe dans notre pays, la lutte contre le terrorisme. Et c'est pas le jour où il y a eu cette nuit encore des morts [dans l'attentat de Londres, ndlr], avec des Français qui sont à l'hôpital dont un entre la vie et la mort, que j'ai envie de perdre une seconde à vous dire un mot sur ces sujets-là.
- Journaliste : Donc vous dites 'le président de la République, il a le droit de plaisanter', c'est ça ?
- Thierry Solère : Mais le président de la république, il est comme tout le monde, il parle et s'il y a des propos qui sont choquants, eh bah il s'en excusera lui-même.
- Journaliste : Vous, ça vous a pas choqué ?
- Thierry Solère : Moi ça m'a pas choqué.
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Comme ça, c'est dit.
À notre connaissance, ce proche de Bruno Le Maire qui fut porte-parole de François Fillon jusqu'à sa décision de rester candidat malgré sa mise en examen est donc l'un des trois seuls politiques à s'être exprimés à ce sujet sans émettre de critique à l'égard d'Emmanuel Macron. Les deux autres étant le sulfureux ancien conseiller de Marine Le Pen Aymeric Chauprade et le très droitier élu de Paris Charles Beigbeder.
>> À lire : Le Pen outrée par la *blague* de Macron : "On dit pas 'du Comorien'"
Pour mémoire, cette très mauvaise plaisanterie du chef de l'État intervenait lors d'une visite du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique (CROSS) d'Etel (Morbihan) jeudi et d'un échange avec un agent du site sur des bateaux de pêche :
"- Agent : Il y a des tapouilles et des kwassa-kwassas.
- Emmanuel Macron : Ah non, c'est à Mayotte, les kwassa-kwassas !
- Agent : Monsieur le Président, vous êtes un connaisseur !
- Emmanuel Macron : (Rire) Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien ! (Rire) C'est différent.
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