Il est l'un des trèèèès rares élus à s'exprimer publiquement pour dire qu'il ne voit pas où est le problème. À rebours de l'unanimité politique qu'Emmanuel Macron a fait contre lui avec sa très mauvaise *blague* sur les bateaux qui "amènent du Comorien" à Mayotte, Charles Beigbeder considère que cette indignation collective est démesurée.
Samedi 3 juin, le très droitier entrepreneur et conseiller de Paris, qui s'était fait connaître politiquement en entrant en dissidence contre Nathalie Kosciusko-Morizet pour la conquête de la mairie de Paris, a retweeté un article de Valeurs Actuelles à ce sujet, regrettant d'un "pfff..." évocateur son titre ('Blague' sur les migrants comoriens : Macron va trop loin et déchaîne la colère"). Et l'élu LR qui flirte avec le FN d'ajouter :
"Un peu de politiquement incorrect ne peut pas nuire.
"
Pfff...un peu de politiquement incorret ne peut pas nuire... https://t.co/HXU2qCl806
— Charles Beigbeder ن (@CBeigbeder) 3 juin 2017
Il faut dire que Charles Beigbeder s'arrête rarement lui-même aux portes du politiquement incorrect. À notre connaissance, aucun autre responsable politique, même à la droite de la droite ou à l'extrême droite, n'a vu les choses sous le même angle. C'est dire les ravages du politiquement correct de nos jours. Chef de file de la droite et du centre pour les législatives, François Baroin a par exemple fustigé un propos "choquant, encore plus quand on est Président."
[Edit 16h35] En réalité, Aymeric Chauprade (ancien proche conseiller de Marine Le Pen habitué lui aussi des propos chocs) avait auparavant regretté lui aussi une "polémique ridicule", espérant que celle-ci "ouvre les yeux à Emmanuel Macron quant à la tyrannie du politiquement correct" :
La polémique ridicule "kwassa kwassa" va-t-elle au moins ouvrir les yeux à @EmmanuelMacron quant à la tyrannie du politiquement correct??
— Aymeric Chauprade (@a_chauprade) 3 juin 2017
Pour mémoire, en visite au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique d'Etel (Morbihan) jeudi, Emmanuel Macron a eu une discussion avec un agent du site autour de bateaux de pêche, notamment ceux que l'on peut trouver à Mayotte. Les kwassa-kwassas, en particulier, de petits canots aussi utilisés par les passeurs pour amener des migrants comoriens sur l'île française de l'océan Indien, une traversée risquée qui a provoqué la mort de très nombreuses personnes ces dernières années. Voici cet échange :
"- Agent : Il y a des tapouilles et des kwassa-kwassas.
- Emmanuel Macron : Ah non, c'est à Mayotte, les kwassa-kwassas !
- Agent : Monsieur le Président, vous êtes un connaisseur !
- Emmanuel Macron : (Rire) Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien ! (Rire) C'est différent.
"
« Le kwassa-kwassa pêche peu ! Il amène du Comorien ! » #Quotidienpic.twitter.com/hXKRC2vWx9
— Quotidien (@Qofficiel) 2 juin 2017
Contactée par le Lab ce samedi, l'équipe de communication de l'Élysée a reconnu une "plaisanterie pas très heureuse" et "malvenue" :
"C'est une plaisanterie pas très heureuse sur un sujet grave, dont le président de la République a pleinement conscience et dont il a eu l'occasion de parler durant la campagne présidentielle [voir plus bas, ndlr]. C'est complètement regrettable et malvenu.
"
Les drames de cette traversée Comores-Mayotte à bord de kwassa-kwassas sont nombreux. Selon un rapport du Sénat daté de 2012, "entre 7.000 et 10.000" personnes y auraient trouvé la mort depuis 1995. D'après un article de RFI de juin 2014, les autorités comoriennes évoquent elles "au moins 12.000" morts.
Naufrages de kwassas-kwassas : entre 7000 et 10 000 Comoriens morts entre 1995 et 2012. (Estimation rapport Sénat juillet 2012) #Mayottepic.twitter.com/vKmSp8xQia
— Nassira El Moaddem (@NassiraELM) 2 juin 2017
" Impossible de compter les morts en 20 ans : au moins 12 000 d’après les autorités comoriennes" https://t.co/tZ0ZpTvFc8https://t.co/ciY3O5bThl
— Nabil Touati (@salam93) 2 juin 2017
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