MARINE BIS - La première tentative de Jean-Jacques Bourdin pour inviter Marion Maréchal-Le Pen dans son interview matinale sur BFMTV et RMC s'était soldée par un échec. Le 15 juin 2012, alors que l'actuelle députée vient d'arriver en tête au premier tour dans le Vaucluse, elle fuit encore les médias. A la dernière minute, la jeune femme de 22 ans pose un lapin au journaliste.
Neuf mois plus tard, la petite-fille Le Pen a eu le temps de se roder. Ce 18 mars sur BFMTV, Jean-Jacques Bourdin lui lance d'emblée : "Je vous sens stressée ..." Et Marion Maréchal-Le Pen de répondre du tac au tac :
Et vous, vous êtes stressé ?
La benjamine de l'Assemblée va tout de suite montrer qu'en termes de com', elle a fait des progrès. Le débit est plus rapide, le ton plus assuré. Il est loin le temps où, pendant la campagne des régionales de 2010, alors qu'on lui demande ses idées "pour redonner le moral à la région", elle interrompt l'interview et craque.
Finies également les tentatives pour montrer qu'elle n'est pas la "marion-nette" de son grand-père ou pour prouver que toutes ses idées ne sont pas calquées sur celles de sa tante. Marion Maréchal-Le Pen a tellement bien pris le moule que ses réponses pourraient sortir tout droit de la bouche de Marine Le Pen. Illlustration en quatre exemples.
>> Le retour permanent à l'immigration
Comment faire des économies ? La question est simple, la réponse made in FN. Marion Maréchal-Le Pen dégaine illico le chiffre favori de son parti, celui du démographe Yves-Marie Laulan :
Il y a déjà une manne importante qui est celle de l’immigration. Elle coûte 70 milliards d’euros par an. Personne n’en parle mais il y a une dimension économique dans l’immigration.
[>> un chiffre largement contesté puisque selon d'autres études, le solde est positif]
Marion Maréchal-Le Pen en profite même pour rappeler - au cas où il y aurait un doute - que la lutte contre l'immigration a toujours été "une constante" au Front national :
Quand on nous dit qu’il y a une rupture entre l’attention particulière à l’économie de Marine Le Pen et le positionnement un peu différent de Jean-Marie Le Pen … Non il n’y a pas de rupture.
Il y a un débat qui se recentre un peu plus sur l’économie avec Marine Le Pen du fait de la crise. Mais il y a une constance. L’immigration est un thème important parce qu’il relève d’une dimension économique.
>> L'ensauvagement de la nation
Marine Le Pen a été la première à sortir l'expression le 8 février dans une vidéo, puis lors d'un déplacement à Aix-en-Provence et enfin dans l'émission Des paroles et des actes sur France 2. A chaque fois, elle invite les Français à lire La France Orange mécanique de Laurent Obertone, son "livre de chevet" :
Ce livre vous devez le lire et le faire lire : "Orange mécanique". Il jette un regard cruel sur l’ensauvagement de notre nation. En quelques décennies, notre pays, autrefois un pays sûr, est tombé dans la sauvagerie. (...)
L'UMP et le PS ont sombré dans le laxisme. (...)
Qu’est-ce que c’est que cette ultra-violence si ce n’est du terrorisme ?
Argumentaire repris en choeur ce 18 mars par sa nièce : même livre, mêmes mots, mêmes superlatifs.
J’invite les lecteurs à ce livre qui est bouleversement qui est "France Orange mécanique" qui explique un ensauvagement de la nation, une progression constante des incivilités mais aussi des crimes dans une forme d’ultra-violence. Et aujourd’hui on est dans un message dramatique qui est celui d’un laxisme terrible.
>> Evolution sur la peine de mort
S'il y a bien un domaine où la benjamine des Le Pen avait fait entendre sa petite musique, c'est celui-là : Marion Maréchal-Le Pen est opposée à la peine de mort, contrairement à la tradition du parti et à sa présidente.
Désormais, elle prend soin d'apposer à son opposition cette précision :
Je suis contre la peine de mort mais je suis pour la perpétuité réelle. (...) En revanche, je suis d’accord avec Marine Le Pen pour la mise en place d’un référendum pour remettre cette décision au peuple.
>> Le refus de condamner le régime de Bachar Al-Assad
Pas question d'apporter une aide à la coalition nationale syrienne, argumente Marion Maréchal-Le Pen qui redoute une rébellion "en grande partie composée d'islamistes". Comme sa tante, sans jamais apporter de soutien au régime du dictateur Bachar Al-Assad, elle se refuse à le condamner. Et encore plus à soutenir les rebelles :
On va aller armer une résistance extrêmement hétérogène dont on sait qu’une grande partie est composée d’islamistes.
On va faire tomber un régime qui est, certes, éminemment critiquable, probablement abjecte sur beaucoup de choses, mais qui avait deux mérites.
Le premier était de préserver relativement le droit des femmes.
Le second était de faire cohabiter pacifiquement des minorités qui demain vont se faire massacrer.(...)
J'estime que c'est au peuple syrien de prendre son destin en main. On n’a pas à être les gendarmes du monde, on est un pays qui a comme tradition internationale de préserver les grands équilibres.
Même idée de "non ingérence" et de "danger islamiste" chez Marine Le Pen qui a accordé en janvier une interview pour la chaîne syrienne pro-gouvernementale :
Nous avions prévu que ces révolutions qui étaient au départ des révolutions sociales allaient être récupérées par les fondamentalistes islamiques et qu'au printemps arabe succéderait l'hiver islamiste.
Nous sommes contre l'ingérence. Nous défendons la liberté, l'identité, la souveraineté de tous les peuples dans le monde qui doivent garder la maitrise de leur destin.