IL ÉTAIT TEMPS - Ils étaient bien silencieux depuis mardi 24 janvier au soir, les cadres frontistes. Pourtant, celui qu'ils dézinguent à longueur de journée et d'interviews se retrouvait dans une intense tourmente, soupçonné d'avoir fourni à son épouse un emploi fictif d'assistante parlementaire après les révélations du Canard Enchaîné. Attaquer François Fillon sur ce sujet ressemblait à du petit lait pour le parti d'extrême droite, qui dénonce à l'envi le "système", la "caste", ses "arrangements" et ses "magouilles", réagissant d'ordinaire avec une remarquable rapidité. Et pourtant, dans ce cas précis, rien. Pas un mot de dénonciation venu du FN. Est-ce à dire qu'ils cautionnent ce genre de pratiques ? On n'ose y croire.
Mais il y a probablement une raison plus simple à ce silence : le parti frontiste est lui-même empêtré dans une affaire d'emplois fictifs d'assistants parlementaires au Parlement européen. Il valait donc sans doute mieux faire profil bas sur les problèmes du couple Fillon. Seul Robert Ménard (qui n'est pas encarté au FN mais a été élu maire de Béziers avec son soutien), s'était engouffré dans la polémique dans la matinée :
#PenelopeFillon qui empoche 500.000 euros pour des emplois fictifs ! Et @FrancoisFillon nous parlait de rectitude… #PenelopeGate
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 25 janvier 2017
Et puis François Fillon a pris la parole pour la première fois. Sans jamais répondre aux accusations du Canard Enchaîné sur le fond, le candidat de la droite à la présidentielle s'est surtout dit "scandalisé" par le "mépris" et la "misogynie" de l'article de l'hebdomadaire. Et c'est cette défense plus qu'hasardeuse qui a finalement fait sortir les frontistes de leur trou. Tour à tour entre 12h45 et 13h30 ce mercredi, Florian Philippot (vice-président du parti, eurodéputé), David Rachline (sénateur-maire de Fréjus, directeur de campagne de Marine Le Pen) ou encore Jean-Lin Lacapelle (vice-président du groupe FN à la région Île-de-France, secrétaire national du parti aux fédérations) ont tweeté pour moquer cette explication un peu courte de François Fillon (mais sans l'attaquer frontalement sur l'emploi - fictif ? - de sa femme comme assistante):
Misogynie ? Une explication terriblement faible sur le #PenelopeGate ! On attend mieux.
— Florian Philippot (@f_philippot) 25 janvier 2017
Explication vaseuse de #Fillon sur le #PenelopeGate : le candidat autoproclamé de la probité n'a rien d'autre à dire ?
— David Rachline (@david_rachline) 25 janvier 2017
Euh....une autre explication @FrancoisFillon que celle de la misogynie ? #LeVraiFillonpic.twitter.com/xBjPVY9kWF
— Jean-Lin Lacapelle (@jllacapelle) 25 janvier 2017
Marine Le Pen, elle n'a pas réagi officiellement. Mais elle s'est fendue d'un message ironique et sibyllin sur son compte Twitter *secret* :
Contente d'apprendre que @FrancoisFillon s'est converti au salaire maternel
— anne lalanne (@enimar68) 25 janvier 2017
Pour rappel : dans l'affaire des assistants FN au Parlement européen, le parquet de Paris a ouvert, le 15 décembre, une information judiciaire pour "abus de confiance", "recel d’abus de confiance", "escroquerie en bande organisée ", "faux et usage de faux" et "travail dissimulé". Concrètement, il est reproché au FN d'avoir fait rémunérer par le Parlement européen des assistants parlementaires alors qu'ils exerçaient des fonctions au parti et non à Strasbourg.
Une affaire dans laquelle les cadres frontistes ont toutes les peines du monde à défendre Marine Le Pen, qui se voit réclamer le remboursement de 339.000 euros par le Parlement européen.