Le multiplex du 1er mars avec Benoist Apparu, Christian Paul, Pierre Moscovici et Michel Sapin

Publié à 17h18, le 01 mars 2015 , Modifié à 15h45, le 02 mars 2015

Le multiplex du 1er mars avec Benoist Apparu, Christian Paul, Pierre Moscovici et Michel Sapin
Benoist Apparu, Michel Sapin, Pierre Moscovici et Christian Paul

#Multiplex – Au menu des interviews dominicales du 1er mars, l’ancien ministre UMP Benoist Apparu, dans BFM Politique, le député PS frondeur Christian Paul, dans C politique, l’ex-patron de Bercy et actuel commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, dans Tous politiques et son successeur aux portefeuilles des Finances, Michel Sapin, dans Le Grand Jury.

Comme chaque dimanche, le Lab se plie en quatre pour vous livrer les morceaux choisis de ces entretiens politiques.

>> Benoist Apparu, BFM Politique


#L'austère qui se marre (ou pas)

Austère, Alain Juppé ? Peut-être, admet du bout des lèvres Benoist Apparu, l'un des plus fidèles soutiens du maire de Bordeaux pour 2017. Mais cette rigueur de style de l'ancien Premier ministre, le député UMP en fait une de ses forces. Quitte à assumer une campagne présidentielle (sous réserve de victoire à la primaire) toute en sobriété :

Je crois qu'on peut avoir une campagne qui sera évidemment pas celle du fantasmes et du rêve, qui sera une campagne sérieuse et crédible. Mais je suis convaincu que les Français attendent ça et qu'ils ne nous croient plus quand on fait des promesses inconsidérées, intenables.

Une allusion claire à la campagne de François Hollande en 2012 et à sa promesse de "réenchanter le rêve français".

#Compte-à-rebours

Marine Le Pen présidente en 2017, Benoist Apparu n'y croit pas du tout. Pour 2022 en revanche, le parlementaire ne répond de rien. À l'entendre, la prochaine élection présidentielle sera donc la dernière du genre :

2017 sera la dernière chance, j'en suis intimement convaincu. Si celui qui arrive au pouvoir à ce moment-là ne fait pas les réformes nécessaires, en 2022 on aura de mauvaises surprises.

Une mise en garde dans la droite ligne Juppé, lequel a récemment averti que selon lui, l'hypothèse d'une arrivée au pouvoir du parti frontiste n'en était plus totalement une.

#Stratégie

Présidentielle, toujours. Si vous pensez que l'UMP et le MoDem doivent s'allier pour cette échéance parce que ces deux partis défendent les mêmes options politiques, vous avez tout faux. En tout cas si l'on suit la logique de Benoist Apparu, pour qui la raison principale d'une telle alliance serait plutôt la suivante : pour gagner, mieux vaut avoir Bayrou avec soi que contre soi.

Certes, "les militants n'ont pas digéré 2012", reconnaît le juppéiste à propos de la décision du patron du MoDem de voter pour François Hollande. Un parti-pris qui vaut au maire de Pau d'être copieusement sifflé dans les meetings UMP lorsque son nom est prononcé. Alain Juppé, favorable à un accord avec le Béarnais, en sait quelque chose. Mais pour Benoist Apparu, les sympathisants de droite feraient bien d'y réfléchir à deux fois :

Si François Bayrou nous a fait perdre en 2012, peut-être qu'il pourrait avoir intérêt, si on le rejette, à nous faire perdre de nouveau en 2017.

>> Michel Sapin, Le Grand Jury, RTL-Le Figaro-LCI


#Bon public

S'il n'en valide pas le message, Michel Sapin admet qu'il y a "quelque chose de drôle" dans le dessin de Plantu publié dans le Monde et figurant la situation un brin schizophrénique de Pierre Moscovici, tour à tour ministre de l'Economie d'un pays qui ne respecte pas les critères budgétaires européens puis commissaire à Bruxelles chargé de faire respecter ces mêmes règles. Il dit :

Comme toute caricature, et je respecte toutes les caricatures, elle peut faire sourire parce qu’il y a quelque chose de drôle. Mais moi aujourd'hui, j’ai en face de moi Pierre Moscovici, qui est complètement, totalement commissaire européen. Une mission dont il s’acquitte très bien.

#Du sang et des larmes

Après le délai supplémentaire de deux ans accordé à la France par la Commission européenne pour ramener son déficit à 3%, Michel Sapin refuse tout procès en laxisme budgétaire. Et le patron de Bercy d'assumer des mesures gouvernementales parfois douloureuses. Il explique :

Rien n'est indolore, on n'est pas dans le cosmétique. La réforme des allocations familiales que nous avons porté, c'est une réforme difficile, dure. L'effort est nécessaire, mais ce qui compte c'est qu'il soit adapté.

Une argumentation presque mot pour mot semblable à celle de François Hollande fin septembre 2014. Le président avait alors déclaré :

Si vous n'entendez pas crier, c'est que nous ne faisons pas d'économies. Donc vous voyez, vous entendez.

#Malaise

Rétrospectivement, Michel Sapin ressentirait-il une certaine gêne à avoir côtoyé Bernard Tapie au gouvernement en 1992 (quand il était ministre de l’Economie – déjà – et l’homme d’affaires éphémère ministre de la Ville) ? Alors que Bernard Tapie a critiqué violemment dans Le Point l’attitude des autorités après l’annulation par la justice de l’arbitrage privé qui lui avait accordé 403 millions d’euros dans l’affaire qui l’opposait au Crédit lyonnais (à l’époque propriété de l’Etat), Michel Sapin le confesse :

Oui, je l’ai toujours entendu comme ça, même quand il était autour de la table du conseil des ministres. Ça n’a pas été le plus beau moment.

>> Pierre Moscovici, Tous politiques, France Inter-Le Parisien-France 3


#Le PS, j'y suis, j'y reste

À ceux qui lui reprochent de faire le grand écart entre son ex-casquette de ministre de François Hollande et son portefeuille à Bruxelles (voir plus haut), Pierre Moscovici l'assure : seules ses responsabilités de commissaire européen aux Affaires économiques importent aujourd'hui. Pas question de donner des excuses à son pays dans sa lutte contre les déficits, au prétexte que le gouvernement serait pris en tenaille entre députés frondeurs et FN.

Pour autant, Pierre Moscovici revendique toujours son appartenance politique. Il indique :

Je suis toujours socialiste, j'ai ma carte du Parti socialiste.

Une déclaration qui sonne comme une prise de distance d'avec son successeur, Emmanuel Macron, qui assume lui de ne plus être encarté. L'affirmation s'adresse peut-être aussi à ces élus de la gauche du parti, qui l'ont accusé d'avoir trahi les valeurs de la gauche sur le dossier grec.

Ces derniers en seront pour leurs frais, puisque Pierre Moscovici annonce également qu'il se rendra au congrès du PS à Poitiers, en juin, pour y soutenir la motion pro-gouvernement :

J'ai toujours signé les mêmes motions, donc il n'y a pas de mystère. Je suis très constant. J'aime être dans la majorité et en plus, je suis réformiste et social-démocrate.

>> Christian Paul, C politique, France 5


#Et pourquoi pas Aubry à Matignon ?

Pilier des "frondeurs", ces députés PS qui s'opposent à la ligne économique du gouvernement, jugée trop libérale, Christian Paul est aussi un "aubryiste" fidèle. Alors que plusieurs socialistes rebelles ont préconisé après l'épisode du 49.3 un changement de Premier ministre, le député de la Nièvre promeut l'hypothèse Martine Aubry à Matignon :

Je pense qu'elle aurait pu être dans ce quinquennat, et qu'elle pourrait être dans ce quinquennat, un formidable chef d'équipe gouvernementale. Mais c'est à François Hollande que la réponse appartient.

Une dernière précision pas inutile, au vu des relations exécrables qu'entretiennent le chef de l'Etat et la maire de Lille depuis toujours.

#Jurisprudence Ayrault

Christian Paul a en tout cas beau jeu de suggérer un remplacement de Manuel Valls (lequel ne le porte pas dans son cœur non plus) après des élections départementales qui s'annoncent difficiles pour la majorité. Et de rappeler malicieusement l'éviction de Jean-Marc Ayrault suite aux scrutins des municipales et des européennes. Il déclare :

Aujourd'hui, il faut se battre et, au lendemain de ces élections, il faut être capable, lucidement, d'en tirer les leçons, comme lors de chaque élection.

Du rab sur le Lab

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