CQFD - À quelques jours du premier tour des régionales, tout va bien. Vraiment. On ne parle pas trop des programmes, ni même des candidats. Non, à quelques jours du premier tour des régionales, on parle surtout de Daesh. Rien d'étonnant deux semaines après les attentats qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis.
Sauf que, dans ce contexte électoral, si certains parlent des terroristes islamistes pour proposer des mesures, d'autres le font surtout pour expliquer que leurs adversaires politiques font le jeu des barbares intégristes.
Aujourd'hui, c'est au tour de François Patriat de se livrer à ce genre de raccourci. Cité par L'Est Républicain ce mardi 1er décembre, le sénateur PS de Côte d'Or, également président de la région Bourgogne, a déclaré en marge d'un meeting de Marie-Guite Dufay, tête de liste PS en Bourgogne - Franche-Comté :
"Voter FN, c’est voter Daesh ! Daesh fait le boulot du FN. S’il réussit à communautariser les gens, le but est atteint. Marion Maréchal-Le Pen l’a dit elle-même, la campagne du Front national est dynamisée par les attentats.
"
Et l'ancien secrétaire d'État du gouvernement Jospin d'en appeler à la mobilisation des électeurs. "L’abstention est la pire des choses et toute voix qui va manquer, c’est une balle de moins dans la cartouchière de la République !", a-t-il ajouté.
Alors certes, François Patriat n'a rien inventé. D'autres avant lui ont déjà fait ce lien entre le FN et Daesh. Lundi 3 novembre, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde craignait que le FN ne "vienne à bénéficier des attaques barbares de Daesh" , jugeant par ailleurs que la poussée du parti de Marine Le Pen "favorise la propagande de Daesh".
Le 20 novembre, c'est Éric Coquerel, coordinateur du Parti de Gauche, qui estimait que "le FN est l'allié objectif des terroristes" .
Mais cet argumentaire n'a pas attendu le vendredi 13 novembre pour exister. Dès septembre, Gérarld Darmanin disait : "La seule chose qui peut faire gagner Marine Le Pen, c’est un attentat 48 heures avant. C’est la candidate de Daesh."
De son côté, Sophie Montel, candidate FN en Bourgogne - Franche-Comté, a dénoncé les mots de François Patriat. "La politique doit avoir des limites, elles ont été dépassées. Je demande solennellement à Marie-Guite Dufay de s’excuser de ce dérapage odieux. Pas seulement pour moi et les millions d’électeurs que le FN représente, mais surtout pour la mémoire des vraies victimes du vrai ennemi, Daesh", a écrit dans un communiqué celle qui, il y a 20 ans, défendait Jean-Marie Le Pen et "l’évidente inégalité des races".
Ce n'est donc pas à François Patriat que la tête de liste FN demande des excuses mais bien à son adversaire directe aux régionales.