MAI 68 POUR TOUS - Il en parle moins aujourd'hui, mais fut un temps où Nicolas Sarkozy voulait "liquider une bonne fois pour toute" "l'héritage de mai 68". C'était en avril 2007 et il était alors candidat à l'élection présidentielle. Presque dix ans plus tard, il est de nouveau candidat à l'élection présidentielle (via une primaire). Et il a évidemment des soutiens. Des soutiens qui, à l'occasion, n'hésitent pas à rappeler le souvenir de mai 68 pour faire valoir leurs idées. C'est le cas de Luc Chatel, par exemple.
L'ancien ministre, aujourd'hui président du conseil national de Les Républicains (le "parlement" du parti), a affiché son soutien à l'ex-chef de l'État dans la course de la primaire à droite. Et ce dimanche 4 septembre, lors du Campus des jeunes LR à La Baule, il a de nouveau soutenu l'idée, portée notamment par son champion, d'une loi anti-burkini, après un été où ce sujet a alimenté d'intenses polémiques. Selon plusieurs journalistes sur place, Luc Chatel a expliqué à la tribune que cette loi était nécessaire "car nous sommes le pays qui a fait la mini-jupe et mai 68".
Enorme Luc #Chatel qui veut une loi anti-burkini "car nous sommes le pays qui a fait la mini jupe et mai 68" #labaule2016
— alain auffray (@alainauffray) 4 septembre 2016
Chatel défend une loi anti-burkini "car nous sommes le pays qui a fait la mini jupe et mai 68". #LaBaule2016
— Ellen Salvi (@ellensalvi) 4 septembre 2016
L'argument de la mini-jupe n'est pas nouveau chez lui. Il l'a dégainé à chacune de ses interventions médias ces derniers jours, comme sur France Info le 26 août. Son idée est que "dans le pays de la libération de la femme", il n'est pas acceptable que des femmes se couvrent le corps pour aller se baigner à la plage. (On notera au passage que l'inspiration de la mini-jupe est communément attribuée à une styliste anglaise, et non à la France.)
En revanche, ce rappel de mai 68 est BEAUCOUP plus étonnant pour un responsable de sa couleur politique. Le souvenir de ces événements d'ordre révolutionnaire est resté, jusqu'à aujourd'hui, un épouvantail pour la droite et un moyen pour elle de se poser en garant de "l'ordre" à la fois moral et social - contrairement à la gauche.
On se demande par ailleurs ce que penserait le Général de Gaulle de cette mise en avant des avancées impulsées par mai 68, lui qui est devenu la figure à laquelle absolument tous les candidats à la primaire de la droite se réfèrent... On ne voudrait pas parler à sa place, mais si même la droite en vient à évoquer en bien cette période, la "chienlit" ne doit plus être très loin .