On aurait pu penser qu'elle avait agi sous le coup de colère. Mais non : la publication par Marine Le Pen, mercredi 16 décembre, de photos d'exécutions menées par Daech , était un acte mûrement réfléchi. Il s'est d'ailleurs écoulé plusieurs dizaine de minutes entre les propos de Jean-Jacques Bourdin, évoquant le Front national sur l'antenne de BFMTV et de RMC, et la publication par la présidente frontiste, de ces fameux tweets.
Que s'est-il passé entre temps ? Marine Le Pen a demandé à l'avocat du FN si ce qu'elle s'apprêtait à faire était répréhensible d'un point de vue purement légal, nous apprend Le Parisien ce jeudi. Le conseil, qui n'est autre que Wallerand de Saint Just, a répondu par la négative. Il a dit :
"Il n'y a aucune infraction pénale. On ne fait que répondre aux provocations de Bourdin.
"
Mais Wallerand de Saint Just s'est peut-être trompé.
Invité d'Europe 1 ce jeudi midi, l'avocat a démenti avoir conseillé Marine Le Pen avant la publication des photos en question. Il a dit :
"Marine Le Pen ne consulte pas ses avocats avant de répondre politiquement à une accusation aussi ignoble. Je l'ai confortée en lui disant qu'aucune infraction pénale n'était commise.
"
Mercredi après-midi, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire pour "diffusion d'images violentes" après les tweets de Marine Le Pen et Gilbert Collard, le député RBM ayant lui aussi publié une photo de cadavre sur Twitter.
Les deux entendaient ainsi protester contre Jean-Jacques Bourdin, qu'ils accusaient d'avoir assimilé le FN à Daech.
Mercredi, face au politologue Gilles Kepel, Jean-Jacques Bourdin avait évoqué les "liens pas directs entre Daech et le Front national mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté d'esprit". Revenant sur les travaux du politologue qui montrent les développements parallèles du FN et du djihadisme, il avait ajouté :
"L'idée pour Daech, c'est de pousser la société française au repli identitaire.
"
Durant les questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, dans l'après-midi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé avoir signalé ces photos aux services concernés et évoqué des "suites" .
Un peu plus tôt, Manuel Valls avait fustigé sur Twitter de "monstrueuses photos" , accusant Marine Le Pen d'être "l'incendiaire du débat public", le tout accompagné du hashtag #FNhorsjeu.
[EDIT 12h45] Ajout déclaration de Wallerand de Saint Just sur Europe 1