François Hollande a réussi son coup. En proposant et développant, lors de sa grande conférence de presse, son pacte de responsabilité, le chef de l’Etat a déboussolé sa droite. Et provoqué sa gauche.
Si Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, du Front de gauche, ont dénoncé ce pacte, y voyant un virage à droite, l’aile gauche du PS, d’ordinaire critique avec la politique du gouvernement comme lors du CICE ou de la réforme des retraites, ne cache pas sa gêne.
"Je demande un temps d’interpellation, d’amendement, voire de contre-proposition", a ainsi lancé l’une des figures de l’aile gauche socialiste de ce quinquennat, le député Jérôme Guedj, au Figaro de ce jeudi 16 janvier.
Sur la même ligne, le député de Paris Pascal Cherki craint lui que le discours présidentiel ne l’éloigne de l’électorat de gauche :
Si le président de la République donne trop le sentiment de tourner la page de sa volonté de changement, le risque est que les électeurs lui tournent le dos.
Un mauvais présage à l’aube d’une année électorale chargée entre municipales et européennes.
Pour autant, cette aile gauche, dont l’une des figures, Benoit Hamon, reste discrète du fait de sa place au gouvernement, va la jouer loyaliste. Et devrait ainsi voter la confiance engagée par le gouvernement devant le Parlement selon le souhait de François Hollande.
Ainsi Pascal Cherki l’assure au Figaro. "Oui, bien sûr", il votera la confiance au gouvernement Ayrault. Mais il ajoute :
Si le gouvernement engage sa responsabilité, je vais la voter.Sinon, je le fais tomber. Et c’est le retour de la droite. Mon sujet n’est pas de faire tomber le gouvernement mais d’obtenir une autre politique.
"De toute façon, on votera la confiance", assure également de son côté le député et cofondateur de la Gauche populaire, Laurent Baumel.
Et de poursuivre :
Faire croire que tout le monde est d’accord est un leurre.
Plus virulent encore, le député Pouria Amirshahi :
L’engagement de responsabilité n’est pas le meilleur moyen de faire vivre le débat démocratique.
En souhaitant engager la responsabilité du gouvernement sur son pacte de responsabilité, François Hollande a réussi un double-coup : créer le trouble à droite, et à gauche. "Attention aux désillusions", prévient Henri Emmanuelli, également membre de l’aile gauche du PS, au Parisien.