Philippot dénonce une "dérive inacceptable" de la justice française : "Les dictatures font maintenant la loi en France"

Publié à 10h52, le 22 septembre 2015 , Modifié à 10h56, le 22 septembre 2015

Philippot dénonce une "dérive inacceptable" de la justice française : "Les dictatures font maintenant la loi en France"
Florian Philippot © AFP

DICTATURE PARTOUT - Florian Philippot - Élise Lucet, même combat. C'est le message du premier, numéro 2 du FN, mardi 22 septembre sur iTélé. L'eurodéputé frontiste voit en effet un parallèle évident entre la plainte de l'Azerbaïdjan contre la journaliste de France 2 et la demande de levée d'immunité parlementaire qui le concerne, dans une affaire qui l'oppose au Qatar.

Florian Philippot entame son raisonnement en accusant Christiane Taubira d'être derrière l'enquête qui vise le FN pour financement illégal de campagne et la mise en examen du trésorier du parti d'extrême droite, Wallerand de Saint Just, pour "recel d'abus de bien sociaux". "Nous sommes dans une affaire politique et il y a derrière tout cela, évidemment, l'ombre de madame Taubira, qui n'a jamais caché qu'elle était une adversaire féroce du Front national", attaque-t-il. Et d'enchaîner :

 

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J'en ai une autre preuve  : la semaine dernière, elle a signé une demande de levée de mon immunité parlementaire vis-à-vis du Parlement européen, pour que je puisse être jugé pour diffamation envers l'émirat du Qatar, cette affreuse dictature islamiste dont j'ai eu le grand tort de dire du mal.

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Le Lab a déjà démontré en quoi cet argument ne tenait pas et qu'il s'agissait en réalité de la procédure habituelle dans ce genre de demande de levée d'immunité. La ministre de la Justice n'a fait que transmettre au président du Parlement européen la demande qui lui était faite, émanant du procureur de la République via le procureur général près la cour d'appel compétente. Mais passons.

Florian Philippot y voit une "instrumentalisation" de la "justice française" par une "dictature". Phénomène qu'il rapproche de la plainte en diffamation annoncée par l'Azerbaïdjan contre l'émission de France 2 Cash Investigation et la journaliste Élise Lucet. Dans le numéro de ce magazine d'investigation diffusé début septembre, cette dernière avait qualifié cet État du Caucase de "dictature" et son dirigeant de "despote".

Le numéro 2 frontiste déroule donc le fil de sa pensée :

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Vous trouvez normal qu'une dictature instrumentalise la justice française et traîne un élu ou une journaliste d'ailleurs, parce que c'est arrivé à madame Lucet... [...] Madame Taubira avait la possibilité de ne pas signer cette demande de levée d'immunité si elle trouvait comme moi... [...] C'est pas une exception, c'est assez classique. Elle aurait pu estimer qu'une dictature n'a pas à dicter sa loi à la justice française.



Je vous rappelle par exemple que votre confrère madame Lucet est poursuivie elle par l'Azerbaïdjan pour avoir osé dire dans un reportage que ce pays était une dictature. Mais c'est une dérive très grave. Je veux dire, les dictatures maintenant font la loi en France, elles traînent devant les tribunaux des élus comme je suis ou des journalistes comme vous, ça c'est une dérive inacceptable.

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Depuis que le Qatar a porté plainte contre lui pour diffamation, Florian Philippot en a fait un combat "pour la démocratie française", a écrit à François Hollande pour qu'il intervienne, a reçu en réponse une fin de non-recevoir et en a appelé aux députés européens pour qu'ils ne votent pas sa levée d'immunité parlementaire, toujours au nom de la démocratie.

Il avait affirmé à plusieurs reprises que le Qatar et l'Arabie saoudite "financent l'islamisme qui tue". L'élu étant protégé par son mandat de parlementaire, l'affaire ne peut être instruite que si le Parlement européen vote la suspension de cette immunité. Les poursuites d'un État contre un individu sont extrêmement rares.

Le 17 septembre, Florian Philippot avait donc estimé que cette situation lui faisait penser à une "dictature". Du coup, si on met ces deux raisonnements bout à bout, il semblerait que la France devienne peu ou prou une "dictature" et que sa justice soit elle-même instrumentalisée par d'autres "dictatures", étrangères cette fois. Et tout cela rien que pour nuire au Front national à l'approche des élections régionales.



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