Depuis que le Qatar a porté plainte contre pour lui pour diffamation, Florian Philippot en a fait un combat "pour la démocratie française ", a écrit à François Hollande pour qu'il intervienne, a reçu en réponse une fin de non-recevoir et en a appelé aux députés européens pour qu'ils ne votent pas sa levée d'immunité parlementaire , toujours au nom de la démocratie. Au milieu de tout cet activisme, le numéro 2 du FN n'a pas oublié de s'en prendre à... Christiane Taubira. Quitte à sous-entendre un peu n'importe quoi.
Nouvel épisode ce 17 septembre. Florian Philippot tweete un courrier de la Garde des Sceaux adressé au président du Parlement européen, Martin Schulz. Dans cette lettre - transmise à Florian Philippot - Christiane Taubira fait suivre à Martin Schulz la demande de levée d'immunité demandée par le procureur général près la cour d'appel de Versailles. Florian Philippot ne voit pas *du tout* d'un bon œil cette démarche. Il sous-titre :
C.Taubira en bonne assistante de l'émir du Qatar signe la demande de levée d'immunité. Est-elle Charlie ou Dictature? pic.twitter.com/YCH9izYijD
— Florian Philippot (@f_philippot) 17 Septembre 2015
L'eurodéputé qualifie la ministre de "bonne assistante de l'émir du Qatar" et laisse entendre qu'elle s'est personnellement occupée de son dossier en "signant la demande de levée d'immunité". Une situation qui lui fait penser à une "dictature".
Sauf que ce courrier, même signé de la main de la ministre, est on ne peut plus banal. Il s'agit de la procédure habituelle dans ce genre de demande de levée d'immunité. Le Parlement est saisi suite à une demande du procureur de la République qui, via le procureur général près la cour d'appel compétente, la transmet au ministre de la Justice. Ce dernier - ici, Christiane Taubira, donc - la transmet à son tour au président de l'Assemblée concernée, ici Martin Schulz. Soit exactement ce que montre le courrier tweeté par Florian Philippot. Pas de traitement de "faveur", donc, pour l'eurodéputé.
A ses yeux, la Garde des Sceaux aurait cependant dû s'opposer à cette procédure. Début juin , il avait demandé à François Hollande "d'exprimer publiquement" son refus de "toute ingérence étrangère" et avait sollicité "une audience", en vain. Au nom de "la séparation des pouvoirs", le directeur de cabinet du Président lui avait répondu que, du dépôt de plainte à la saisine de l'autorité compétente, rien ne relevait "des services de la Présidence". Il avait en revanche transmis son courrier à la Garde des Sceaux "compte tenu de [la] démarche qui revêt un caractère judiciaire". Florian Philippot s'en était déjà offusqué :
"Il est une manière très étrange, sinon purement provocatrice, de me renvoyer entre les mains de Mme Taubira, une ministre qui se présente comme "ennemie" déclarée et assumée du Front National, en qui personne de décent ne peut avoir confiance.
"
Le Qatar a porté plainte contre Florian Philippot pour diffamation, après que celui-ci a affirmé à plusieurs reprises que le Qatar et l'Arabie saoudite "financent l'islamisme qui tue". L'élu étant protégé par son mandat de parlementaire, l'affaire ne peut être instruite que si le Parlement européen vote la suspension de cette immunité. Les poursuites d'un Etat contre un individu sont extrêmement rares.