Quand Nadine Morano conseille à un étudiant de ne pas "appartenir" au "système" médiatique "bobo"

Publié à 14h42, le 21 mars 2016 , Modifié à 14h47, le 21 mars 2016

Quand Nadine Morano conseille à un étudiant de ne pas "appartenir" au "système" médiatique "bobo"
Nadine Morano en pleine séance de conseils déontologiques avec un étudiant en journalisme © Capture d'écran Yahoo!/Sciences Po TV

MORANO IS WATCHING YOU - Entre autres fiertés, Nadine Morano revendique de ne pas être une candidate du "système" médiatico-politique mais du "peuple", dont elle elle estime qu'il se "reconnaît" en elle. Tellement anti-système qu'elle profite de ses régulières interventions médias pour dénoncer le "mépris" et la malveillance de ces journalistes "bobos" qui la caricaturent et sortent ses propos de leur contexte.

L'interview que l'eurodéputée LR et candidate à la primaire de la droite a récemment accordée à Yahoo ! et Sciences Po TV en est un parfait exemple, puisqu'elle a à cette occasion multiplié les accusations de cet ordre. Cela commence lorsque Benjamin Duhamel, étudiant à Sciences Po (master politiques publiques) et président de Sciences Po TV, lui demande si ses origines modestes lui ont parfois valu le mépris de certains au sein de sa famille politique :

"

- Nadine Morano : Oui souvent, mais pas que de la part de ma famille politique. Je dirais, à dire vrai, beaucoup plus de la part des journalistes. Alors ça les journalistes, ça, les journalistes, c'est insupportable. C'est une espèce de système bobo qui tourne entre eux [sic], qui sortent pas de leurs bureaux parisiens, qui nous méprisent sans même...



- Benjamin Duhamel : Mais il n'y a pas que ça, il y a aussi des journalistes sur le terrain...



- Nadine Morano : Non mais je vous parle des Parisiens en général, je vous parle pas de la PQR qui en général sont sur le terrain. Mais une espèce de microcosme politique de journalistes qui vous connaissent même pas d'ailleurs, quelques fois qui parlent de vous, qui vous ont même jamais vus ! Moi j'ai entendu des papiers sur des radios en parlant de moi sans même savoir ce que j'avais fait comme études, sans même savoir quel avait été mon parcours, rien ! Mais en me faisant passer pour la dernière des cruches tout simplement parce que je ne suis pas dans le formatage qui leur convient. Donc pour eux, je suis illégitime.

"

Un échange à retrouver au début de cette vidéo mise en ligne samedi 19 mars :



Si elle ne souhaite pas, dans un premier temps, "donner des noms", elle finit tout de même par cibler plus précisément France Inter : "Regardez à France Inter, je ne suis jamais invitée à la matinale. Jamais. À ce qui paraît, j'ai pas le profil pour être invitée à la matinale de France Inter chez monsieur Cohen. Jamais. Jamais. Mais jamais."

Nadine Morano est ensuite interrogée sur ses multiples propos polémiques (sensés contredire les accusations de racisme dont elle a fait l'objet), de sa célèbre "amie tchadienne donc plus noire qu'une arabe" à son amour pour le couscous et la brick à l'oeuf. C'est là qu'elle formule une première fois son conseil à l'étudiant qui l'interviewe :

 

"

Non mais vous voyez, c'est pour ça que je voudrais vraiment vous engager, puisque vous avez une formation solide, à ne pas tomber dans ce qui est devenu la caricature journalistique.

"

à partir de 2'50" sur cette vidéo :



Elle explique ensuite longuement que les propos incriminés ont été "sortis de leur contexte". Avant de mettre à nouveau son interlocuteur en garde contre les travers du "système bobo". Questionnée sur les nombreuses caricatures qui sont faites de sa personne, "de Charlie Hebdo aux Guignols de l'info", elle rétorque :

 

"

Oui mais [je ne suis pas caricaturée] par le peuple, pas par le peuple. Par le système bobo, là. Faites attention de pas y appartenir un jour, c'est juste un conseil mais bon. Je vous le dis, essayez de... voilà... [elle ne finit pas sa phrase]

"

À partir de 5'08" sur cette vidéo :



Ou quand un politique se mue en professeur de déontologie journalistique...



À LIRE SUR LE LAB

Bruno Gollnisch se félicite d'avoir donné une "petite leçon de déontologie" aux "provocateurs de Canal +"

Jean-Marc Ayrault, professeur de journalisme (bis)

Du rab sur le Lab

PlusPlus